tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

242 LES SALONS ET LES ATELIERS
Galerie G. Giroux
W. PAERELS. (15 janv.-l fév.).
Ils sont désolants ces peintres exclusivement de couleurs qui ont
une peur atroce du mot : littéraire. Ah ! l'on ne dira pas de celui-ci
qu'il fait de la peinture littéraire; il a fui plus que possible tout
sujet. Aussi pour moi et quelques autres, tout éclatante et fraîche
qu'elle est, cette exposition est plus aride que l'iceberg, plus aride
que le Sahara en juillet, aride comme l'arc en ciel qui plaît un
moment; que dis-je l'arc en ciel ! Il y a, ici, 57 arcs en ciel ! L'art
pour l'art, se traduisant par : la couleur pour la couleur. Tout cela
n'est pas assez. Pas assez! Pas assez!
Paerels, c'est la couleur fraîche, mise avec plus de souplesse que
n'ont de coutume les luministes : lassitude, matin d'été, nature
morte; lumière un peu carnavalesque, en général; parfois, plus
modérée.
Après, vient le Paerels paysagiste dont nous avons déjà, ailleurs,
loué les eaux transparentes et surtout les ciels si merveilleusement
'limpides, si fraîchement jeunes : Port de Rotterdam, Marine.
Le Paerels portraitiste est remarquable dans le portrait d'homme.
Je parle du visage seulement, non du corps, ni de la couleur,
ni de la mise en page. Cela n'intéresse que Paerels, les couleurs
! Mais moi je me suis intéressé à l'expression mis» dans ce
visage; j'ai senti avec joie la liberté du pinceau; j'ai révéré l'artiste
qui a pu saisir avec tant de rapidité ce moment de vie, et le fixer
sans fatigue avec tant d'aisance.
RAY NYST.