tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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LES PEUPLES ET LA VIE
guerre rénove la Tripolitaine, ainsi la France n'aurait
pas continué à vivre, si la révolution, œuvre de barbares
intérieurs ne l'avait renouvelée en détruisant une classe
et en en élevant une autre au pouvoir. Il est donc manifeste
que la guerre qui pour les fous est ce monstre
destructeur que tous connaissent parce qu'il détruit
les individus, il est manifeste que la guerre est, au contraire,
dans les desseins d'un ordre supérieur, un moyen
de conservation. La paix, force organisante et conservatrice
et la guerre force rénovatrice agissent de concert, je le
répète, pour conserver et continuer ce qui doit être conservé
et continué. L'un travaille de la manière qui est rendue
nécessaire par l'autre. Et toutes les deux composent
le rhytme de fer de la paix et de la guerre qui fait le
vers de la vie. Et ceci se voit le mieux dans la formation
des empires qui sont le produit de la guerre et de la
paix. La Tripolitaine tendait à mourir, notre guerre la rénove.
Mais avec la guerre de conquête, nous tendons à
la paix, parce que tel est le rhytme ; nous tendons à organiser
et à conserver ce que nous avons conquis. Mais nous
constatons déjà que dans l'organisation un moindre effort
est nécessaire que dans la pratique de la guerre et que cet
effort est moindre encore dans la conservation. Les forces,
quand elles le peuvent, tendent à s'épargner, à se
ralentir, et quand elles se ralentissent, elles s'affaiblissent,
elles tendent en somme à mourir, et voici de nouveau la
nécessité de la guerre. Notre empire sera conquis, organisé,
conservé, ainsi il tendra à mourir, et alors il arrivera que
d'autres nous en chasseront comme furent chassés nos pères
les Romains. Mais l'esprit de ce que firent nos pères et
de ce que firent les grecs dure encore et nous est transmis.
Ainsi quelque chose que nous ignorons nous est demandé ;
nous ne savons pas encore quoi, mais cela nous est demandé,
à grands cris, par une humanité qui n'est pas née ».
Ces paroles persuaderont-elles les gens qui pensent non
sans raison, que le but de l'humanité n'est pas de se main-