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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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52<br />

LES FAITS ET LES IDEES<br />

tant il leur avait fait la partie belle. On pouvait à bon<br />

droit lui reprocher <strong>de</strong>s longueurs, <strong>de</strong>s incorrections, <strong>de</strong>s<br />

pointes puériles, d'avoir violé la règle <strong>de</strong>s trois unités.<br />

Un « bourgeois <strong>de</strong> Paris, marguillier <strong>de</strong> sa paroisse »<br />

avait porté sur le Cid un jugement auquel Voltaire n'a pas<br />

dédaigné <strong>de</strong> recourir. D'après ce critique anonyme et<br />

plein <strong>de</strong> bons sens, les personnages du Cid semblent tous<br />

échappés <strong>de</strong>s Petites-Maisons. Le roi <strong>de</strong> Castille avoue :<br />

« Dès que j'ai su l'affront, j'ai prévu la vengeance » ; mais<br />

quoi qu'il en dise, il ne fait rien pour empêcher la mort<br />

<strong>de</strong> don Gomès, père <strong>de</strong> Chimène. Il connaît le <strong>de</strong>ssein<br />

<strong>de</strong>s Maures, mais ne donne aucun ordre pour en entraver<br />

l'exécution. L'infante a <strong>de</strong> grands projets et reste inactive.<br />

Elle aime Rodrigue et le donne à Chimène. Don Sanche<br />

est un idiot qui, au lieu <strong>de</strong> venger celle qu'il aime et <strong>de</strong> se<br />

battre contre Rodrigue attend l'honneur <strong>de</strong> ses comman<strong>de</strong>ments.<br />

Ah ! il n 'y va pas <strong>de</strong> main-morte, le marguillier !<br />

Il n'est pas le seul, d'ailleurs, qui ait fait au Cid <strong>de</strong><br />

sérieux reproches. On a signalé le rôle inutile <strong>de</strong> l'infante,<br />

l'impru<strong>de</strong>nce du roi don Fernand, l'invraisemblance <strong>de</strong><br />

la scène où don Diègue apporte son épée à Chimène, laquelle<br />

persiste dans une méprise beaucoup trop prolongée<br />

et dont un mot pourrait la tirer, la monotonie <strong>de</strong> toutes<br />

les scènes où Rodrigue offre à Chimène <strong>de</strong> mourir, l'inexcusable<br />

audace du Cid <strong>de</strong> se présenter par <strong>de</strong>ux fois chez<br />

le comte, après le combat.<br />

Il n'en fallait pas tant, semble-t-il, pour favoriser les<br />

efforts <strong>de</strong> la cabale. Mais la noblesse <strong>de</strong> l'intrigue, dont<br />

le nœud se resserre <strong>de</strong> scène en scène, la marche croissante<br />

<strong>de</strong> l'action, la puissance <strong>de</strong>s moyens dramatiques par lesquels<br />

l'unique intérêt augmente et se renouvelle sans<br />

cesse, la gran<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> la lutte entre l'amour et l'honneur,<br />

le souffle génial qui traverse l'œuvre, tout cela <strong>de</strong>vait<br />

triompher, malgré tout, dès la première représentation.<br />

Quelle jolie « Soirée » on pourrait écrire sur la première<br />

du Cid, disait récemment M. Ginisty dans un « Bil-

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