tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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AVENTURES DIVERTISSANTES
les antichambres de la vieille demeure qui ressemblait à
l'intérieur à un renidero de coqs et, du dehors, à un lieu
de carnage pour des géants ; et j'arrive à la défense de
mon diplôme, qui eut lieu par un jour maussade, un jour
d'humidité où soufflait un vent du Nord énervant et brutal,
tel qu'on n'en voit qu'à Buenos-Ayres. Ces journées
humides de la capitale, molles et presque mal odorantes,
quand règne ce vent du Nord, m'énervaient d'une manière
indescriptibles. Les bruits y semblent alors plus discordants,
plus assourdissants ; les mouvements plus difficiles
femmes marchent comme des somnambules et toutes paraissent
comme absentes; les odeurs y sont plus déplaisantes
et plus fortes, presque nauséabondes ; la lumière y est
fausse, trompeuse, écœurante ; les trottoirs sont bourbeux ;
les murs suintent l'eau ; les vitres ruissellent ; les hommes
se montrent irritables, provocants et impertinents ; les
femmes marchent comme des somnambules et toutes paraissent
vieilles; une phrase en d'autres moments insignifiante
se convertit alors en insulte ; les nerfs exaspérés nous font
momentanément, mais d'une façon tenace, des ennemis
des êtres et des choses ; et je crois que, dans un moment
comme celui-là, il ne nous serait pas très difficile d'en finir
avec le monde, si cela dépendait de notre volonté. C'est
dans ces conditions, que j'eus à défendre la validité de
mon diplôme.
Je commençai d'une manière hésitante, la voix molle
et fatiguée, au milieu de l'indifférence générale, mais
cette insouciance même de mon auditoire m'excita, m'irrita
peu à peu, m'entraînant à mon éloquence accoutumée.
Je fus verbeux et brillant. Il m'importait peu de savoir ce
que j'allais dire : je passe facilement des mots aux idées,
avec des sphrases ronflantes et à effets, où apparaissent parfois
des images pittoresques qui s'adaptent très bien à mes
gestes et à mes attitudes d'acteur. Comme en dépit des
interruptions, je ne m'arrêtai pas, comme je ne donnai
pas le temps de la réflexion j'arrivai sans effort à captiver
mes auditeurs et même à leur arracher des applaudisse-