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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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350 HISTOIRE DE CELUI QUI CRUT VAINCRE LES DIEUX<br />

dait partout grincer le bruit <strong>de</strong>s faux taillant les herbes.<br />

Des villages, très espacés, parsemaient la plaine. Des fermes,<br />

<strong>de</strong>s chaumines, une chapelle, une auberge où l'on<br />

s'arrêtait ; c'était tout. Des paysans, curieusement, venaient<br />

interroger les voyageurs. Frauhell conversait gaiement<br />

avec eux ; leur dialecte le replongeait dans le passé,<br />

leur accent l'émouvait <strong>de</strong> façon étrange. Il se retrouvait<br />

chez lui, <strong>de</strong>vinant dans tous les cœurs qui l'entouraient<br />

<strong>de</strong>s aspirations, <strong>de</strong>s pensées qui étaient les siennes.<br />

Les étapes <strong>de</strong>vinrent plus longues, les routes étant meilleures.<br />

Un soir enfin, la ville apparut au loin, dans la brume<br />

bleue que tisse l'éloignement. Et Simon en reconnut,<br />

ivre <strong>de</strong> tendresse, le profil tourmenté <strong>de</strong> pignons triangulaires<br />

et <strong>de</strong> minces pinacles.<br />

Le soleil se couchait. Ils avancèrent encore, et furent à<br />

<strong>de</strong>ux archées <strong>de</strong> l'enceinte; ils longeaient un bois; une auberge<br />

où brillaient déjà <strong>de</strong>s lumières se dressait au bord<br />

<strong>de</strong> la route. Simon la reconnut ; souvent, avec <strong>de</strong>s amis,<br />

il y venait jadis vi<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s brocs et caresser les servantes.<br />

On y chantait. Il reconnut une chanson à boire d'autrefois.<br />

Sous une tonnelle, un gros homme à face rubicon<strong>de</strong><br />

la beuglait, <strong>de</strong>bout, entouré <strong>de</strong> compagnons qui la rythmaient<br />

en cognant leurs brocs sur la table. Alors, Simon<br />

fit arrêter ses domestiques et s'approcha.<br />

— Gros compagnon, n'es-tu pas Gilles le Monier?<br />

— Je le suis, compère, je le suis! Me connais-tu donc?<br />

— Je suis Simon Frauhell, ton ami <strong>de</strong> naguère.<br />

— Simon ! C'est toi, Simon ! Hé ! pour Dieu ! que je te<br />

baise ! On te croyait mort ! Holà ! Qu'on perce une neuve<br />

futaille! Qu'on remplisse les pots! C'est un vieux ami que<br />

je retrouve! Qu'on verse à boire à ce compaing et à tous<br />

ceux qui l'accompagnent — Palsambleu ! Simon! quelle<br />

est cette beauté qui t'avoisine?<br />

— Mon épouse, ami Gilles.<br />

— J'en suis aise ! Là-bas sont les nôtres. Je vas la leur<br />

conduire, et, seuls, entre mâles, nous boirons ensuite à<br />

ton retour !

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