tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

NELSON LE KIME 153
Mme C. Van Malderghem et M. de Tallenay. — Les Chimères,
pièce en deux actes de M. Maurice Gauchez (9 janv.).
Parsifal. — Le théâtre de Bayreuth si fièrement assis sur le penchant
des collines du Fichtelgebirge, un peu à l'écart de cette vieille
cité des margraves, dont la vie provinciale s'écoule paisiblement
aux bords du Itothermein, était bien le théâtre destiné à Parsifal. Les
longs entr'actes passés en promenades méditatives dans les forêts et
les bois qui l'entourent, par ces chemins parfumés de pins et de tilleuls,
étaient le complément presque indispensable du spectacle. Làbas
tout contribuait à la rêverie, à l'illusion; ces nuits de juillet, chaudes
et claires, ces bois profonds qu'animaient des bruits lointains
et mystérieux, ces myriades de vers luisants dans la mousse, ces
ciels diamantés d'étoiles ! C'était après l'hymne de l'homme, l'hymne
éternel de la nature, le seul qu'on pouvait encore entendre,
le seul qui pouvait ramener l'âme, par une lente et sereine transition,
des sphères éthérées aux réalités terrestres.
En exprimant le vœu, qui fut respecté rigoureusement pendant
trente ans, de voir sa dernière œuvre exclusivement réservée à ce
théâtre, qu'il avait fondé et aménagé suivant ses poétiques exigences,
Richard Wagner avait obéi à des considérations d'un ordre
élevé. Il s'était rendu compte combien « Parsifal » était peu destiné
au grand public, combien ce cadre unique du théâtre de Bayreuth
avait préparé le spectateur au recueillement que son œuvre exigeait.
Voici « Parsifal » tombé, avec tout le répertoire wagnérien, dans
le domaine public depuis le 1 er janvier 1914; et Bayreuth dépossédé
du monopole des représentations de Parsifal qui constituaient l'une
de ses plus invincibles et troublantes attirances. Le théâtre de la
Monnaie n'a pas failli à son bon renom de théâtre lyrique d'avantgarde;
de même qu'il fut des premiers à nous faire connaître autrefois
les œuvres de Wagner en langue française, de même il e6t
l'un des premiers à nous faire connaître « Parsifal. »
Ce ne fut pas sans quelque émotion que les wagnériens virent
l'affiche jaune traditionnelle annoncer cette première en gros caractères.
D'aucuns, ils ne sont pas très nombreux, mais il en existe,
se rappelaient la première à Bayreuth, le 26 juillet 1882, sous la
direction du chef d'orchestre Hermann Levy, en présence du Roi
Louis II, de Wagner, devant un parterre de princes, d'artistes et
d'esthètes accourus de tous les coins de l'Europe. Ils se rappelaient
cette soirée à jamais mémorable, véritable apothéose à laquelle
Wagner ne survécut que quelques mois.
Trente ans ont passé sur cela, trente ans déjà... le génie si longtemps
méconnu, si âprement discuté de Richard Wagner a conquis
tous les théâtres, tous les pays. Ses innovations, ses théories ont