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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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264 L'ÉLOQUENCE AU PARLEMENT<br />

un homme d'Etat et un Universitaire, Charles Graux, a<br />

défini un jour la tolérance dans un discours académique.<br />

Je ne veux pas vous lire toute la citation, je me borne à<br />

la résumer. Il a dit : « La tolérance, ce n'est pas l'abdication<br />

<strong>de</strong>vant l'erreur, c'est le respect <strong>de</strong> la personne et <strong>de</strong><br />

la liberté <strong>de</strong> l'adversaire. »<br />

La définition est juste. Elle est littérale ; elle a peut-être<br />

un défaut, c'est d'être trop littérale, trop étroite, un peu<br />

sèche. Il me semble que la tolérance, pour remplir tout<br />

son office, pour être vraiment efficace et apaisante, veut<br />

quelque chose <strong>de</strong> plus, veut une certaine atmosphère,<br />

une certaine attitu<strong>de</strong>, un certain penchant <strong>de</strong> l'esprit et<br />

du cœur qui fasse que, sans attiédir les convictions, elle<br />

adoucisse les rancunes et qu'elle amortisse les haines.<br />

Nous vivons vraiment dans un étrange pays, petit pays<br />

que nous nous attachons à faire <strong>de</strong> plus en plus petit.<br />

Nous sommes chacun <strong>de</strong> son village, <strong>de</strong> sa chapelle, <strong>de</strong><br />

son clan, <strong>de</strong> son patois, <strong>de</strong> son parti et, dans la poussière<br />

<strong>de</strong>s luttes civiles, la notion <strong>de</strong> l'intérêt général s'efface<br />

et disparaît. Eh bien, conservons intactes et fières nos convictions,<br />

conservons très précieusement nos affinités, nos<br />

attractions, nos dialectes, notre amour du clocher ; mais<br />

n'oublions pas que nous avons, <strong>de</strong>vant l'Europe, une raison<br />

sociale commune à défendre, que nous avons un passé<br />

commun, que nous avons l'honneur du nom à sauvegar<strong>de</strong>r,<br />

que nous avons tout un avenir à préparer.<br />

On parle souvent <strong>de</strong> faire une plus gran<strong>de</strong> Belgique<br />

par l'expansion commerciale, maritime et coloniale. C'est<br />

un beau rêve et qui se réalise lentement. Mais, pour faire<br />

une Belgique plus gran<strong>de</strong> au <strong>de</strong>hors, il faut commencer<br />

par faire une Belgique plus gran<strong>de</strong> au <strong>de</strong>dans, et elle<br />

ne sera plus gran<strong>de</strong> au <strong>de</strong>dans que par l'expansion, sous<br />

le souffle <strong>de</strong> la liberté, <strong>de</strong>s vertus civiques et <strong>de</strong>s forces spirituelles.<br />

Et puisque, ce soir, c'est d'éloquence qu'il a été<br />

question, que l'éloquence reste un instrument <strong>de</strong> guerre<br />

au service <strong>de</strong>s partis, mais qu'elle soit aussi un instrument<br />

<strong>de</strong> réfection morale, <strong>de</strong> construction et <strong>de</strong> réalisation au<br />

service <strong>de</strong> la patrie.

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