tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

RAY NYST 169
d'exposition par le Cercle d'Art de la dite commune, combien
cette température se prête à la contemplation des nus!
Voici des nus d'Emile Baes. Ceux-ci sont justement placés dans
le compartiment du poêle. Car tout de même j'ai découvert un
petit poêle, brave Taymans, ami des arts, qui fait tout ce qu'il peut
dans cette immense salle, autant que rien. Mais quel contraste ces
nus délicats, ces voiles rejetés, ces étoffes voluptueuses, tout ce
spectacle d'abandons exquis, ces chairs pâles et nacrées dans une
température qui vous blesse et vous rougit la peau. Et ce n'est pas
tout, — car je ne veux cesser de protester contre ces monstrueuses
désharmonies coutumières, — auxquelles, hélas ! nos artistes s'habituent,
— non, ce n'est pas tout, ces nus raffinés, dans leurs cadres
d'or, tout cela a pour fond, je vous le donne en mille à deviner :
de la toile de sac à pommes de terre ! Ah ! ces artistes ! Ils voudraient
qu'on parlât de leurs œuvres avec respect; ils veulent qu'on
apprenne à considérer les oeuvres d'art en choses précieuses, et euxmême
les mettent sur la dure.
Van Extergem, paysagiste, pâtit moins, peut-être, de cette température
réfrigérante. C'est du plein air, alors...
On retrouve Van Extergem avec plaisir. C'est un peintre consciencieux,
il a du goût, une vraie compréhension de la nature, une
vision agréable, une construction substantielle, une atmosphère légère
et aérienne. Ce sont beaucoup de qualités, et elles sont particulièrement
sensibles dans Printemps, Ruisseau en Flandre et le
grand tableau : Automne en Campine. Van Extergem aura, toutefois
à rechercher pourquoi parfois sa couleur devient épaisse et
si couleur, notamment : Marais en Campine, heure mélancolique.
Van Damme a beaucoup de bon, mais souvent il barbouille ses
marines à tort et à travers. Van Landuyt est poëtique dans l'intention,
et massif dans l'exécution. Bogaerd a d'originales tonalités et
sacrifie tout à sa couleur qui étonne l'espace d'un moment. Spaelant
est toujours à la recherche du tragique et il y atteint dans certain
portrait de dame âgée.
Un panneau décoratif d'Emile Fabry, un cadre avec dés croquis
de grande allure de Colmant, une jolie tête déjà vue de jeune femme
du sculpteur Desmaré et puis... et puis une voie lactée d'astéroïdes
lackenois.
L'Estampe.
8° Salon. Musée moderne du 3 au 25 janvier).
Il ne peut pas être question de faire la critique des œuvres d'une
exposition qui compte près de 500 numéros. Il y faudrait un livre !
Aussi, me bornerai-je à quelques réflexions.