tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

EN MARGE D'UN LIVRE
DE MAURICE MAETERLINCK
Je n'ai jamais refermé un livre de Maurice Maeterlinck
sans un élan d'admiration, de gratitude, de fraternelle
sympathie. Aucun autre auteur contemporain n'a exercé
sur moi une influence aussi profonde, aussi durable et,
que ce se soit très simplement, aussi bonne. Ses œuvres
philosophiques — c'est à elles que mon souvenir s'attarde
avec prédilection — sont pour moi mieux que joie artistique,
mieux que prétexte à méditation, mieux qu'occasion
à gymnastique cérébrale. Elles sont pour moi paroles de
devin.
Je n'acquiesce pas aussi pleinement au livre que Maeterlinck
consacre au fascinant mystère de la mort. Qu'il me
soit permis d'exposer ici la nature de mes réserves.
Dans cette œuvre de Maeterlinck, on rencontre fréquemment
des phrases comme celles-ci :
« Il est tout à fait raisonnable et légitime de se persuader
que la tombe n'est pas plus redoutable que le berceau.
» Le malheur ne peut plus nous répondre. Il ne trouve
plus place dans l'imagination humaine qui explore méthodiquement
l'avenir.
» Il est impossible que la douleur soit une des lois durables
et nécessaires" de l'univers.
» La matière et l'esprit, quand ils ne sont plus réunis
par le même hasard misérable qui les joignit en nous, se
doivent réjouir de tout ce qui advient.
» L'infini ne saurait nous vouloir du mal. »
Et même lorsque l'auteur constate notre absolue incapa-