tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

386 LES SALONS ET LES ATELIERS
pres. C'est ainsi que nous voulons comprendre la personnalité : une
modalité individuelle, sans effort conscient, sur les thèmes sélectionnés
par les siècles. Je crois qu'en dehors de cela, il n'y a que l'extravagance
un peu folle d'un homme ignorant qui penserait refaire
ie monde tout seul.
A cette belle seconde série de d'Haveloose ainsi comprise avec le
sentiment de la tradition, appartient la grande Danseuse (n° 1)
bronze, destinée à la ville de Venise. Il a dû être difffcile de donner
à ce corps robuste, la belle légèreté vigoureuse que confère la vie.
L'artiste y est arrivé, je crois, par une étude attentive du modelé
et de ses transpositions nécessaires étant donné le changement de
matière, chair devenue bronze. C'est bien là du muscle jeune! C'est
le miracle rhythmique des formes sportives, dirais-je, d'un beau
corps affermi par la danse; c'est, juste aux yeux, le poids sensuel
d'une belle fille.
donne à cette partie quelque chose d'un bondissement.
La danseuse n° 2, faisait fort bel effet à Gand, près du Kursaal,
au bout de l'allée des roses, c'est là que je la vis pour la première
fois, sous une patine enfin uniforme, comme celle-ci, rendant à cette
œuvre l'honnêteté franche qui convient à la sculpture.
Citons encore parmi les belles œuvres le torse de jeune fille, d'une
si belle et reposante normalité, d'un sensualisme si idéal et si plein.
De fort belles têtes, n os 17 et 18, sont des œuvres qui, elles aussi,
se renouent aux grandes traditions pratiquées d'instinct par tous les
artistes qui portent en eux suffisamment d'un homme complet.
II me semble que, jadis, Camille Lambert était également préoccupé
du mouvement des corps sous les étoffes, et du mouvement
de la lumière. Il y a trois ans, de cela. Nous avons souvenir d'un
certain merveilleux groupe de deux jeunes femmes avec un enfant
au Longchamp fleuri d'un portrait de petit garçon, qui étaient la
vie même. Je pensais que Lambert allait poursuivre cette recherche.
Son exposition d'aujourd'hui nous dit une chose : l'artiste a dédoublé
son travail et son progrès. Il a laissé de côté les corps et les
expressions, me semble-t-il; et il ne s'est plus occupé, depuis, que du
mouvement des lumières. Il résulte de cette préoccupation, devenue
exclusive, qu'à certains points de vue, tel celui de la réalité des
corps, Lambert paraît avoir rétrogradé. Mais au point de vue du
mouvement, de la légèreté, de la diaphanéité, de ce côté, Lambert
a progressé.
Est-ce suffisant?
Pour le modernisme, oui, il paraît. Mais moi, je suis plus difficile