tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

356 LA QUESTION WALLONNE ET LES CATHOLIQUES
enthousiasme wallon ; où quelque affinité, plus nettement
perçue, ne se trahît en nos modes de penser et de sentir.
Enfin, nous nous retrouvions — et je ne sais quelle fierté
naquit de cette conquête que nous venions de faire de
notre race.
Comme elle nous était douloureuse alors, cette mécon­
naissance de notre passé artistique et comme nous les re­
vendiquions pour nôtres, tous nos maîtres anciens que la
paresse ou la légèreté de la critique avaient faits flamands !
Et quel prix nous allions dès lors attacher aux œuvres de
nos compatriotes Wallons, et de quelle fraternelle sym­
pathie nous allions entourer leurs effort pour que l'âme
de notre terre, puisse se révéler aujourd'hui, comme par
le passé, dans toute son ingénuité et dans toute sa force !
Que fallait-il pour cela?
Que la pensée qui avait inspiré la Rétrospective de 1911
ne restât pas sans lendemain et que l'effort se poursuivît
alors même que les salons seraient fermés.
Jules Destrée, l'ordonnateur compétent de cette expo­
sition, le comprit mieux que tout autre. Sa clairvoyance
avait découvert le mouvement profond dont palpitait la
Wallonie et l'opportunité pour le peuple de Wallonie, de
puiser dans l'admiration du passé, la conscience de lui-
même. Aussi, annonça-t-il lors de la manifestation orga­
nisée en son honneur, la prochaine création de l'association
des « Amis de l'Art Wallon ».
Le 4 février 1912, la société était fondée.
Ce ne sera ni sur ses statuts, ni sur les déclarations de
son Président Jules Destrée que je la jugerai. Il vaut
mieux estimer l'arbre par ses fruits.
N'eût-elle que révélé, par son insistance à le proclamer,
par son autorité à le commenter l'existence d'un art ori­
ginairement wallon, qu'elle mériterait largement notre re­
connaissance. A cet égard, la collection de Wallonia orga­
ne de la société, est fort utile à consulter ; la liste serait
longue des études consacrées à nos peintres, nos sculpteurs,
nos musiciens, nos littérateurs, sans parler de monogra-