tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

ARTHUR DE RUDDER 375
la face des autres nations. Nous serons, nous aussi, nous
mêmes, et nos conquêtes ne nous échapperont pas ».
Mais voici le passage le plus caractéristique du livre,
celui où M. Corradini pose le principe qui lui est cher
et qui contient l'apologie de la guerre. L'Italie doit être
une nation conquérante. Elle doit s'assurer dans le monde
une place prépondérante, il est donc nécessaire qu'elle se
persuade de la légitimité de la guerre, et l'écrivain va
développer des idées qui, pour ne pas être très neuves peutêtre,
pour ressembler un peu à celles émises déjà par
M. Chamberlain et d'autres pangermanistes, ne manquent
pas d'une certaine littérature.
M. Corradini va tenter de nous démontrer qu'il y a
deux maux dans notre société contemporaine, la démomocratie
et la ploutocratie. Voilà, paraît-il, les sources de
notre dépréciation morale, ce qui empêche de tirer parti de
nos valeurs. La démocratie est hostile à la guerre, elle affaiblit
nos caractères à l'égal de la ploutocratie. Ce sont ces
deux faces de notre organisation sociale qu'il faudrait combattre.
M. Corradini se lance, à ce sujet, dans des considérations
assez originales. II nous dit :
« La guerre dans sa forme de guerre, de révolution, de
spoliation de la propriété privée, est la force qui renouvelle
les organismes sociaux qui, à travers la période
d'organisation et la période de conservation de la paix
tendent à mourir et à se corrompre, et, par suite, usurpent
toujours de plus en plus les territoires qu'ils occupent.
Ils les usurpent parce que le rapport entre un peuple et
son territoire doit avoir un caractère ethique vis-à-vis de
l'espèce, doit avoir un rapport de production, laquelle
production est la suprême éthique de l'espèce. La guerre
de conquête, la pire, selon les sots, (c'est M. Corradini
qui parle) rénove les territoires en tant qu'elle en chasse
les peuples qui selon l'éthique de l'espèce les usurpent
et y établit les peuples producteurs. Ainsi notre