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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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160 LE DRAME ET L'OPERA<br />

sée avec zèle et bonne volonté dans le rôle ingrat <strong>de</strong> Kundry.<br />

Elle l'a bien détaillé vocalement, mais l'accent dramatique manquait<br />

<strong>de</strong> justesse expressive. Si la plastique était séduisante, le geste était<br />

sans portée. M. Bouillez fut un Klingsor parfait par la voix, mais<br />

d'un jeu un peu conventionnel.<br />

La figuration a été stylée d'une façon vraiment digne d'éloges ;<br />

pas un geste, — et dans « Parsifal » la mimique est d'une importance<br />

capitale — qui ne fût harmonieusement ca<strong>de</strong>ncé et bien approprié<br />

au <strong>de</strong>ssin musical. La scène religieuse du second tableau, où<br />

la moindre faute <strong>de</strong> goût, la plus légère maladresse pourraient tout<br />

compromettre et qui est d'une calisthénie difficile à régler, a<br />

bénéficié d'une mise au point juste et précise.<br />

Les costumes sont <strong>de</strong> tonalité chau<strong>de</strong>, <strong>de</strong> composition intéressante,<br />

conformes, d'ailleurs à ceux <strong>de</strong> Bayreuth. La scène chorale<br />

<strong>de</strong>s filles fleurs, exécutée par quatre groupes <strong>de</strong> trois voix, formant<br />

un chœur à douze parties, aux plus troublantes et plus voluptueuses<br />

enharmonies, est un intermè<strong>de</strong> d'une grâce mélodique inexprinable,<br />

il fut très bien chanté. Ces costumes <strong>de</strong>s filles fleurs avaient<br />

beaucoup préoccupé Richard Wagner, il faut reconnaître que tels<br />

qu'ils étaient à Bayreuth, ils n'étaient guère réussis. Ceux que<br />

l'on a vus ici dénotent un progrès, mais ils ne sont pas encore irréprochables.<br />

Le rouge y domine trop et comme M. Delescluze a adopté<br />

le carmin pour la végétation <strong>de</strong>s jardins <strong>de</strong> Klingsor, il y a là<br />

un choc <strong>de</strong> nuances correspondantes pas toujours heureux. C'est à<br />

regret que nous formulons cette petite réserve, dans le concert<br />

d'éloges mérités valus par la réalisation <strong>de</strong> Parsifal. Mais ne fût-ce<br />

que pour prouver que notre enthousiasme n'a pas oblitéré le sens<br />

critique et que notre enthousiasme n'est pas <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>, nous<br />

en formulerons encore une autre au sujet du décor du cinquième<br />

tableau, le décor printanier du charme du vendredi Saint, qui est<br />

trop colorié; c'est un décor trop estival, il y manque du vert, beaucoup<br />

<strong>de</strong> vert. Il importe, que comme Tannhauser après le Venusberg<br />

se retrouve dans la paisible et souriante vallée d'Eisenach, Parsifal<br />

après le jardin féerique <strong>de</strong> Klingsor se retrempe dans la saine, honnête<br />

et mo<strong>de</strong>ste nature dont le vert est la teinte dominante.<br />

A part ce tout petit détail, les décors <strong>de</strong> M. Delescluze sont d'une<br />

plantation, d'une couleur, d'une composition qui font honneur à<br />

cet artiste sincère et délicat.<br />

Bref, Parsifal a rencontré à la Monnaie une superbe et vraiment<br />

poétique exécution, toute imprégnée d'idéalisme et <strong>de</strong> sérénité,<br />

digne du génie qu'on voulait honorer.<br />

Le succès fait à Parsifal a dépassé toute attente; tous les publics<br />

veulent connaître l'œuvre restée si longtemps mystérieuse, ce Par-

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