tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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EN MARGE D'UN LIVRE
fiantes qu'on veuille supposer les différences qui nous séparent
d'un Egyptien de la première dynastie, elles conduiront,
après les millions d'années qu'on est en droit de
supposer encore à la durée de la Terre, à une transformation
radicale.
Et alors se pose l'angoissant problème : En admettant
que l'âme de ces derniers hommes, parvenus à l'apogée
de l'évolution, soit immortelle, en admettant qu'elle fasse
retour, avec ou sans conscience individuelle, au fonds cosmique
des forces spirituelles, serons-nous jugés dignes du
même privilège, alors que de cette humanité ultime jusqu'à
nous il y a une distance peut-être plus grande que de nous
aux anthropoïdes? Et où, à quel chaînon de la chaîne des
êtres s'arrêta cette faveur?
Ces questions, si l'on ose les regarder en face, ne suggèrent
pas des réponses bien rassurantes.
On ne manquera pas d'objecter que la théorie évolutionniste
est loin de rencontrer l'assentiment général. Il
y a trop de lacunes dans la prétendue suite de nos ancêtres.
Certes, on constate de grandes analogies entre la
structure organique de l'homme et celle de l'anthropoïde,
et l'on en découvre tous les jours de nouvelles. L'analyse
des cristaux qui se forment dans le sang coagulé, notamment,
confirme l'étroite parenté des deux sortes de bipèdes.
Mais tout cela ne constitue pas une preuve irréfragable,
d'abord parce qu'une rencontre exceptionnelle de
coïncidences demeure toujours possible, ensuite parce que
cette parenté s'explique si l'on tient les anthropoïdes pour
des hommes dégénérés.
Soit, admettons la thèse opposée, celle qui veut que la
terre a été peuplée grâce à des créations successives et
spontanées. Ce mystère, en somme, n'est pas plus grand
que celui de l'évolution graduelle.
Mais cette concession ne nous fait pas faire un pas.
Car il n'y a aucune raison de croire qu'avec la création de
l'homme, la dernière en date, la force créatrice a été
épuisée et que la Terre, jadis le théâtre de tant de mira-