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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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L'ÉLOQUENCE AU PARLEMENT<br />

France, dans une assemblée beaucoup plus nombreuse,<br />

infiniment plus mobile, plus sensible, plus impressionnable,<br />

qui réagit beaucoup plus vivement sous l'action <strong>de</strong> la<br />

phrase ou du mot, il est possible par une argumentation<br />

pressante, par l'entraînement, la chaleur <strong>de</strong> la parole, <strong>de</strong><br />

retourner, <strong>de</strong> déplacer la majorité. En Belgique, c'est une<br />

vaine entreprise, et, par conséquent, il manque à nos<br />

débats un élément essentiel d'intérêt et d'émotion : c'est<br />

l'inittendu, l'incertitu<strong>de</strong>, l'ignorance du dénouement,<br />

c'est <strong>de</strong> ne pas savoir ce qui arrivera. A proprement<br />

parler, la discussion parlementaire n'est donc pas un combat<br />

; c'est un tournoi, c'est une passe d'armes. On ne<br />

parle pas pour ses collègues. On parle un peu pour eux<br />

certainement, mais on parle surtout pour les journalistes<br />

qui sont dans la tribune <strong>de</strong> la presse et qui, <strong>de</strong>main, répandront<br />

votre discours. On parle pour cet être impersonnel<br />

et énigmatique qui est partout, dans la Chambre<br />

et au <strong>de</strong>hors, que nous appelons « le pays » et que tous<br />

les partis invoquent, comme, à la guerre, tous les belligérants<br />

invoquent le dieu <strong>de</strong>s batailles !<br />

Cependant, <strong>de</strong> ce qu'il est extrêmement difficile, presque<br />

impossible dans notre Chambre belge, <strong>de</strong> déterminer,<br />

par l'action oratoire, l'issue d'un débat, <strong>de</strong> déterminer<br />

le résultat du scrutin,' il n'en faut point conclure qu'on<br />

ne puisse exercer, par la parole, par l'argument, une certaine<br />

action morale, qu'on ne puisse toucher les consciences<br />

ou les cœurs, qu'on ne puisse réussir à faire une brèche<br />

dans l'opinion adverse et, par la brèche, à jeter <strong>de</strong> la<br />

semence et <strong>de</strong> la lumière. Comment alors? Par quelles forces,<br />

quels procédés? Eh bien, d'abord, par une force intérieure,<br />

que l'éloquence extériorise et multiplie, et à défaut<br />

<strong>de</strong> quoi il n'y a pas d'éloquence possible. Et cette force<br />

intérieure, c'est la conviction : une conviction, une croyance,<br />

une foi, une idée puisée au fond <strong>de</strong> soi et qui s'incorpore<br />

en quelque sorte à notre substance. Un sceptique<br />

aura peut-être un succès d'esprit. Il est incapable <strong>de</strong><br />

conduire, <strong>de</strong> diriger, <strong>de</strong> dominer. Un homme qui pense,

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