tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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SOUVENIRS
les manches très courtes, de magnifiques guipures, tenant
dans une de ses délicieuses menottes parées de brillants
et gantées de mitaines, un éventail d'ivoire et de soie
assorti à sa toilette. Ma bisaïeule maternelle, née Steger,
avait épousé en premières noces le chevalier Smits, père de
bonne maman. (1) Les Smits firent un assez long séjour
en Amérique, où ils s'étaient rendus, sans doute pour
tenter la fortune, à la suite de revers, avec leur fillette,
ma future grand'mère. Bonne maman qui n'avait alors
que quelques années, m'a souvent parlé de ce voyage à
Philadelphie. Elle me racontait, entr'autres, que servie à
bord par un nègre, elle rechignait et ne dissimulait point
son dégoût du moricaud, prenant soin, avant de manger,
d'essuyer l'assiette que les mains noires déposaient devant
elle et ne touchant qu'avec répugnance au pain qu'il lui
présentait, tout cela pour le plus grand divertissement des
passagers.
(1) Cette bisaïeule avait une sœur, Catherine-Henriette Steger
qui épousa un Jonkheer (chevalier) Doude van Troostwyck. Ce
Jonkheer devenait donc l'oncle de ma grand'mère. Mme Doude van
Troostwyck mourut en 1859 à Amsterdam après 49 ans de mariage,
nous dit un billet de part que je conserve encore. Dans un autre
billet de part M. Doude de Troostwyck informe bonne maman, sa
weledele nichte (très noble nièce) de la mort de son père, Adriaan
Paats van Troostwyck, décédé à Sterreschans près de Loenen dans
la province d'Utrecht, à l'âge de 85 ans, en avril 1837. Des titres
et dignités énumérés sur ce billet, il ressort que ce Paets van
Troostwyck était une illustration du monde savant et administratif.
En effet ce document le qualifie de oud wethouder en raad der
Stad Amsterdam, lid van het amortisatie syndicaat, van het Koninglyk
Instituut, en van onderscheidene geleerte genootschapen.
Le délicieux portrait du XVIII e siècle, dont je parle plus haut
doit être celui de la femme de ce personnage, donc de la grand'tante
de bonne maman qui l'avait hérité de sa mère, propre nièce
de cet adorable modèle.
Je relève encore ces particularités dans les papiers laissés par
ma grand'mère :
Le 13 mai 1836 un M. Van Bousekom fait part de son mariage
avec une C.-A. Doude de Troostwyck, c'est-à-dire avec une nièce
par alliance de ma grand'mère, une fille d'un frère du mari de