tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

Ce n'est pas dans l'originalité de la
forme, qu'il faut chercher le mérite de ces
poèmes, mais on les aime pour leur accent
de sincérité.
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CORNELIUS PRICE : Hiéronyme (un vol.
in-18 à fr. 3.50). — Souverain de Sanaphi —
îlot grec inconnu, Cyclade ignorée — Hiéronyme
est le roi-philosophe rêvé. Bien
qu'il se défende de rendre la justice sous
un cerisier, il est très certainement cousin
germain de cet excellent Pausole. Si quelques
détails — de caractère, de conduite
ou de doctrine — les différencient, ils sont
tout à l'avantage du type créé — c'est à
dire fait de rien — par M. Pierre Louys.
Loin de moi la pensée de dire que les
aventures de Hiéronyme soient inintéressantes
: il y a tant à écrire sur pareil sujet,
qui prête à de si aimables développements
! Et puis les amours malheureuses
de la douce Nysa, trompée par le beau
Thrasylle avec la superbe Maudane, ajoutent
une note délicatement sentimentale à
ce traité de sagesse utopique.
BIBLIOGRAPHIE
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Louis GAUTHEY : L'Eau de Jouvence (un
vol. in-18 à fr. 3.50). — M. et Mme de
Pomolin, bientôt fêteront leurs noces d'or.
Ce sont deux aimables vieillards auxquels
le bonheur ne fut point donné d'avoir des
enfants, mais qui s'en consolent en groupant
autour d'eux, le plus souvent possible,
leurs neveux et nièces et surtout les enfants
de ceux-ci. Tous ces gens sont bons,
honnêtes, foncièrement chrétiens et les ménages,
fréquemment réunis s'entendent à
merveille. Mais chacun a son caractère :
ainsi, la nièce, Charlotte, se fait parfois
tancer par Madame de Pomolin, parce
qu'elle incline à envier les riches et à se
plaindre avec amertume de sa médiocrité.
Il y a encore la cousine Sophie dont les
exagérations de calviniste mystique troublent
la quiétude du groupe. Puis le neveu
d'Ormont qui épouse une américaine divorcée,
qu'on parvient heureusement à mettre
au diapason huguenot... Il y a encore des
tas de menus incidents comme ceux-là qui
ont permis à M. Louis Gauthey de montrer
que la véritable Eau de Jouvence c'était,
pour les vieux, non de singer les jeunes,
mais de s'occuper d'eux avec sollicitude,
de les guider activement dans la pratique
de la vertu !
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PAUL SENECA : Opium d'Amour (un vol.
in-18 à fr. 3.50). — Ce roman commence
sur une scène de jalousie assez montée de
ton, entre les deux amants : Mme de St-
Aygulf, une riche aventurière américaine
et Raoul Méroy, fougueux méridional. Et
ce sera ainsi tout le long du livre. Lina
de Saint-Aygulf a plusieurs amants et un
mari mais c'est Raoul qu'elle préfère, à
cause, semb!e-t-il,. de sa plus grande virtuosité
amoureuse et elle exige de lui une
fidélité qu'elle ne lui rend pas. De son
côté, le jeune homme voit clair dans la
vie de sa maîtresse, de là leurs disputes
continuelles, et leurs revenez-y enragés.
Décidé à mourir pour s'évader des tortures
qu'il subit, Raoul lente la traversée
de la Méditerranée en aéro; au cours
de la lutte acharnée qu'il livre aux éléments
il reprend possession de soi-même.
M. Paul Seneca a tout au moins le mérite
d'avoir donné un tour original à un
sujet quelque peu usagé. Dans une longue
préface il rompt une lance en faveur de
la décentralisation littéraire et il cite en
exemple les créations réalisées à Monaco.
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GEORGES POLTI : L'Ephèbe (un vol. in-
18 à fr. 3.50). — L'auteur a choisi pour
héros, son très sage et lointain ancêtre,
l'oltys, roi de Thrace, au temps de la
guerre de Troie, ou plutôt il se borne à
une traduction des Mémoires de son ascendant.
Celui-ci, fils d'Evandre, père des
Latins, petit, fils de Bellérophon qui chevaucha
Pégase et pourfendit la Chimère,
descendant d'Eole par ce vieux ruffian de
Sisyphe, l'oltys donc, avec son aïeul, parcourut,
en tous sens, la Grèce, dont il
visita les rois les uns après les autres, en
compagnie souvent d'illustres ou même de
divins voyageurs. Ses aventures sont des
plus intéressantes en même temps que des
plus instructives. Nous avons lu les six
premiers livres de ces Mémoires. Les autres
ne verront le jour que si M. Georges
Polti est satisfait de l'accueil fait au présent
volume « par un public composé en
majorité d'imbéciles ». soyons donc sages
et attendons le tome II. S'il vaut l'Ephèbe,
M. Polti aura tout lieu d'être content.