tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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L'ENFANCE ANORMALE
limitée et qui n'offrent à l'éducateur que leur capacité de
travail manuel.
En Belgique, le premier atelier pour enfants anormaux
fut inauguré à Anvers le 1 er novembre 1911 et reçut trois
apprentis relieurs. La Société paie une redevance pour le
loyer et une somme fixe par élève et par mois.
A la fin de la première année le patron de l'atelier anversois
fut si satisfait de ses élèves qu'il demanda à les garder
aux mêmes conditions qu'un apprenti normal. Voilà donc
des enfants, qui étaient à charge de la Société, devenus
parfaitement capables de gagner leur vie ; leur travail est
très soigné et ils paraissent s'y intéresser vivement.
Pour les filles, ce fut plus difficile ; on n'osait les placer
dans les ateliers de couture, où elles auraient dû débuter
comme coursières, c'est à dire courir les rues avec la boîte
ou le carton ; cela était tout à fait impossible pour des fillettes
anormales. Après de longues hésitations, on créa
une école spéciale d'apprentissage ; les élèves y apprennent
la couture, la coupe (lingerie et petite confection) ; le
bureau de bienfaisance procure l'ouvrage pour une large
part et les commandes des particuliers y sont reçues avec
reconnaissance ; le prix de la main-d'œuvre est calculé d'après
le tarif courant.
En 1910 fut également créé, toujours à Anvers, un
Comité de dames; celui-ci patronne l'atelier de couture, organise
des excursions pour les enfants et, tous les hivers,
une grande fête dans les écoles. Ces fêtes auxquelles ne
sont invitées que quelques personnes, sont intéressantes surtout
parce l'on y peut prendre contact avec les enfants,
les observer, les étudier; pour ma part, j'y ai pris toujours
un vif plaisir, non par simple curiosité, mais parce
qu'on s'attache à toutes ces petites créatures d'une façon
toute spéciale. L'affection que nous leur vouons diffère un
peu de nos autres affections ; elle est faite certainement
d'une grande pitié, d'un élan de toute notre âme, du
désir de mettre en leurs jeunes cerveaux toute la lumière
possible, d'éloigner d'eux les malheurs auxquels ils sem-