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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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AUGUSTE VIERSET 365<br />

sous le loup à <strong>de</strong>ntelles <strong>de</strong>s apostrophes nasillar<strong>de</strong>s; <strong>de</strong>s<br />

mousquetaires doublement gris trainent une rapière conquérante,<br />

<strong>de</strong>s paillasses flirtent avec <strong>de</strong>s colombines, <strong>de</strong>s<br />

escogriffes posent au marquis et <strong>de</strong>s faquins au gentilhomme<br />

; et dans cette agitation <strong>de</strong> promeneurs frétillants, dans<br />

la cohue <strong>de</strong> bals charivaresques tout embués <strong>de</strong> sueurs<br />

moites, <strong>de</strong>s scandaules, qui sont à la zwanze ce que le<br />

calembour est à l'esprit, exhibent leurs lai<strong>de</strong>urs loqueteuses.<br />

Ces déguisements <strong>de</strong> mauvais goût, ces veuleries dévergondées,<br />

ces joies grossières n'ont même pas l'excuse <strong>de</strong><br />

la blague amusante, <strong>de</strong> l'intrigue malicieuse ou <strong>de</strong> la rigola<strong>de</strong><br />

effrénées ; car la plupart du temps ces masques carnavalesques<br />

sont d'une gaieté à porter en terre.<br />

Leurs ban<strong>de</strong>s passent, mélancoliques comme un dimanche<br />

pluvieux, funèbres comme un requiem, ne trouvant<br />

qu'un « zo-ot ! » éraillé pour ranimer leur fringale <strong>de</strong><br />

folie. Ils sont grotesques et lamentables. Et quand, meurtris<br />

<strong>de</strong> lassitu<strong>de</strong>, minables dans leurs travestis délabrés,<br />

on les rencontre aux heures tardives titubant et ronchonnant<br />

le long <strong>de</strong>s trottoirs déserts, ils ont l'air <strong>de</strong> pauvres<br />

diables condamnés aux plaisirs forcés.<br />

*<br />

* *<br />

De quoi donc est faite cette puissance hypnotisante du<br />

Carnaval qui résiste au temps et aux mœurs et subjugue<br />

les caractères et les volontés? On veut le fuir : il vous<br />

poursuit et vous obsè<strong>de</strong>. Le mieux est encore <strong>de</strong> s'y livrer<br />

complètement en évoquant ses heures triomphantes, les<br />

belles époques <strong>de</strong> sa splen<strong>de</strong>ur où son prestige s'expliquait<br />

par les joies <strong>de</strong> la couleur, du pittoresque et <strong>de</strong><br />

l'esprit.<br />

Voici le Carnaval <strong>de</strong> Naples, celui <strong>de</strong> Rome décrit par<br />

Goethe, celui <strong>de</strong> Venise chanté par Byron, raconté par<br />

Casanova, Goldoni, l'abbé <strong>de</strong> Bernis, Malamani, l'anglais<br />

Maihows.

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