tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

62 I-ES PEUPLES ET I.A VIE
Conversion de Saint-Paul, son Apollon et Martyas, son
Ivresse de Noë nous précisent la nature de son talent.
Ribéra et Velazquez, ces deux pôles de la peinture espagnole,
l'un, le peintre des moines, l'autre, le peintre des
princes et des filles de roi, sont représentés le premier
par un Saint-Jérôme, saisissant de réalisme et une Sainte
Trinité, qui est une composition admirable ; l'autre par
Jacob et ses fils, œuvre curieuse de la première manière
de l'artiste.
Le Tintoret, Sébastien del Piombo, le Bassan, Palma le
jeune sont, entre tant d'autres, les fleurons de cette
couronne merveilleuse que les rois d'Espagne ont offerte
à la maison de Dieu.
Près du choeur de l'église un escalier conduit aux souterrains
où sont placés les tombeaux royaux. Depuis Philippe
II qui fit construire le monastère c'est là que les
membres de la famille royale dorment leur dernier sommeil.
Dans une salle circulaire qui est exactement située
au dessous du maître-autel sont alignés dans des niches
les sarcophages de marbre et d'or conservant les restes
mortels des monarques.
Des noms de rois, une simple inscription latine rappellent
que quelques ossements humains sont conservés là.
Des colonnes d'or séparent les galeries où ces niches funèbres
sont superposées. C'est le luxe un peu lourd dont
s'orne la majesté royale, tandis qu'une chapelle très simple
s'élève entre deux de ces colonnes, un autel, un grand
Christ, quatre cierges.
Cette salle funéraire était certes impressionante ; elle
nous donnait la suggestion de la mort niveleuse, elle exprimait
l'antithèse de ces deux puissances, celle éternelle
de Dieu, celle périssable des rois, elle avait de la grandeur
et de la simplicité, de la majesté et de l'humilité; mais
cette impression ressentie si fortement disparaîtra vite
quand on parcourra les autres galeries destinées à la
sépulture des princes et des infants. Des marbres blancs,
des marbres brillants, que n'embellit pas la patine des