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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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MAURICE GAUCHEZ 339<br />

vers, la réalité est un élan prodigieux, ar<strong>de</strong>nt, fougueux,<br />

lyrique. Elle emporte le mon<strong>de</strong> tout entier. Mais, que nous<br />

essayions <strong>de</strong> la voir, que ce soit du <strong>de</strong>dans ou du <strong>de</strong>hors,<br />

elle reste également insaisissable à l'esprit. Les mots usés<br />

du langage clair ne peuvent point l'exprimer. Nous ne<br />

pouvons qu'en possé<strong>de</strong>r une notion. Cette notion n'est<br />

qu'une vision d'instants en instants plus éloignée <strong>de</strong> nous,<br />

une vision sans cesse « évanouissante ».<br />

Voilà à peu près résumées les théories principales <strong>de</strong><br />

M. Bergson. Actuellement, nul n'ignore que le professeur<br />

s'occupe <strong>de</strong> composer une Morale qui servira d'aboutissement<br />

à ses principes. Ceux-ci, quelque séduisants qu'ils<br />

puissent être, n'ont pas toujours été admirés. Il leur a parfois<br />

été reproché <strong>de</strong> trahir un goût trop vif <strong>de</strong>s analyses<br />

subtiles ; on a dit que M. Bergson était un virtuose et non<br />

pas un convaincu, ainsi justifiait-on cette opinion que sa<br />

parole a plus d'éclat que <strong>de</strong> chaleur. M. Eugène Moulin,<br />

analysant autrefois dans « Le feu », L'Evolution créatrice,<br />

concluait par ces phrases :<br />

« Ce n'était pas la peine <strong>de</strong> reprocher à Platon ses Idées,<br />

à Aristote ses formes substantielles, à Leibnitz ses Mona<strong>de</strong>s,<br />

à Spinoza sa substance unique, sous prétexte que tous<br />

ces philosophes ont considéré l'Univers comme donné.<br />

M. Bergson, lui, prétend voir l'univers dans son <strong>de</strong>venir<br />

indéniable, il tente la philosophie <strong>de</strong> ce qui se fait, mais ne<br />

pouvant, malgré sa vigilance, se débarrasser <strong>de</strong> la faculté<br />

statique qu'il traîne avec lui, puisque c'est sa propre<br />

intelligence, il aboutit simplement à un phénoménisme absolu,<br />

à un panthéisme superficiel, si nous songeons à l'Existence,<br />

toute nominale pour M. Bergson, d'un « substrat »<br />

<strong>de</strong> la nature et <strong>de</strong> la vie ».<br />

Au fond, que nous importe? Une philosophie, aujourd'hui,<br />

ne doit pas nécessairement être une doctrine et ce<br />

que nous aimons dans M. Bergson est-ce surtout son système?<br />

On connaît la vogue rencontrée aux Etats-Unis par le<br />

« pragmatisme ». Cette doctrine, à son tour, dédaigne

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