tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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LES SALONS ET LES ATELIERS
Et d'abord, je crois pouvoir dire, après un certain temps déjà
d'expérience, que le critique, pas plus que l'artiste, n'est bon à
tous les sujets. Peut-être n'a-t-on pas encore entendu parler d'un
critique qui serait bon pour le paysage et mauvais juge des « intérieurs.
» J'ai, cependant, acquis la conviction qu'il en doit être
Dessin de E. HELLEMANS
ainsi. Pour juger d'un paysage, le critique doit avoir, lui aussi,
étudié la nature pour la reconnaître. On dira : C'est évident ! Eh
bien oui, cela est évident, mais cela n'est pas pratiqué. Et je crois
qu'il pourrait bien y avoir là une des causes des grandes divergences
qui existent dans les avis de ceux qui se mêlent de juger la peinture.
Il y a des questions de technique, d'optique picturale qui
sont de tous les sujets et, jusque là, la spécialisation du critique n'a
rien à faire. Mais au-delà commence l'art, l'émotion, la vie, l'effet,
la sonorité d'une œuvre, sa répercussion. Et ici, chacun n'est plus
bon à tout.
Je me suis rendu compte une fois de plus de cette difficulté dans
une exposition fournie comme celle de l'Estampe. A quelques
œuvres on va d'instinct, tout de suite. D'autres, on est prêt à les
juger sans émotion. Pour celles-ci un travail considérable est à
faire en soi-même avant de savoir ce qu'elles valent. Il faut, en
sa psychologie, voyager du Cap Horn au Grôenland ! C'est long et
fatigant. A moins que l'artiste visé soit exceptionnellement exces-