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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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46 GUSTAVE VANZYPE<br />

temps à leur fils, leurs émotions compliquées finissent par<br />

se concentrer sur le même sentiment et les mêmes souvenirs<br />

; et les lettres enthousiastes <strong>de</strong> Christine, la nouvelle<br />

<strong>de</strong> la passion inattendue <strong>de</strong> Ruyenne, l'ami <strong>de</strong> Paul,<br />

pour le petit, accroit leur impatience <strong>de</strong> le revoir.<br />

Et lorsqu'au retour Christine lui tend Ian qui s'effraie<br />

et refuse <strong>de</strong> rester dans ses bras, Blanche comprend qu'elle<br />

a perdu quelque chose <strong>de</strong> son enfant, quelque chose qui<br />

eût dû être à elle et qu'elle a laissé sottement à d'autres.<br />

D'instinct, elle va s'efforcer <strong>de</strong> le reconquérir; et quand,<br />

le soir, Paul et Ruyenne rentrent dans la salle à manger<br />

ils se trouvent <strong>de</strong>vant ce tableau que Vanzype a admirablement<br />

rendu :<br />

« ...Quelque chose <strong>de</strong> lumineux remuait sur le fond bis<br />

d'une couverture recouvrant un large coussin. C'était Ian<br />

qui n'avait pas voulu dormir, qui s'était réveillé dans<br />

l'escalier, comme on le transportait sur ce coussin, et qui,<br />

obstinément, avait refusé <strong>de</strong> refermer les yeux, fixant ses<br />

petites prunelles noires, tranquilles et patiemment interrogatrices,<br />

sur sa mère. Alors, pour que celle-ci pût le<br />

mieux regar<strong>de</strong>r, on avait déposé le joli paquet <strong>de</strong> duvet,<br />

<strong>de</strong> linge et <strong>de</strong> chair jeune sur la table <strong>de</strong> la salle à manger<br />

et, curieusement, Blanche avait, un à un, enlevé les<br />

vêtements <strong>de</strong> l'enfant. Christine et M me Lionnois riaient<br />

<strong>de</strong> ses mouvements répétés, maladroits, entêtés, pour arriver<br />

à se remettre d'aplomb, à s'asseoir sur le coussin. Et<br />

Blanche <strong>de</strong>meurait silencieuse, le regard fixé, immobile,<br />

avi<strong>de</strong>, sur le petit corps nu, animé d'une si intense vie.<br />

Comme elle, Paul et Ruyenne restèrent muets, le regard<br />

rivé à l'enfant qui semblait concentrer sur lui toute la<br />

lumière <strong>de</strong> la chambre. Cette lumière, entrant par la large<br />

fenêtre, était déjà amorti par l'approche <strong>de</strong> la nuit ; elle<br />

avait le ton d'or terni du crépuscule, sans assez <strong>de</strong> force<br />

pour atteindre le fond <strong>de</strong> la salle, pour envahir les encoignures<br />

et les bibelots dont <strong>de</strong>s parties <strong>de</strong>venaient mystérieuses.<br />

Mais sur l'enfant, elle semblait reprendre un<br />

éclat, une vigueur <strong>de</strong> matin ; tandis que les visages, au-

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