tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

352 HISTOIRE DE CELUI QUI CRUT VAINCRE LES DIEUX
plus fort, presque divin parce qu'il laissait vivre en lui
tous les dieux du monde, sans lutter, sachant qu'ils ne
sont point cruels pour qui les sait comprendre, qu'il faut
agir d'accord avec eux, et qu'une souffrance ne sert qu'à
affiner la qualité de la joie ; que la vie est un fruit dont
quelques fragments sont remplis d'amertume, mais auquel
il faut mordre de toutes ses mâchoires, pour n'en sentir
que la saveur violente et pure, comme un vin fort.
II chantait, ses amis chantaient. Un chariot attendait
sut le chemin, pour les reconduire, très tard, dans la ville :
dans une salle de l'auberge, on entendait fuser les rires
des femmes.
Et soudain, entra le vieux Frauhell. On lui avait dit
que son fils revenait, et il arrivait à sa rencontre. Ce
furent deux cris de joie et d'amour. Puis, il y eut là
deux hommes qui s'embrassaient en pleurant.
Au loin des cloches sonnaient, évoquant l'image des
prêtres qui officient devant les autels.
(Illustrations de PAUL COLLET).
ARTHUR CANTILLON.