13.07.2013 Views

tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

PAUL ANDRÉ 379<br />

que nulle énergie, nulle saine volonté ne gui<strong>de</strong>nt dans la vie, s'entretiennent,<br />

s'interrogent, se leurrent, s'inquiètent,' se mentent,<br />

se haïssent sur cette terrasse du bord <strong>de</strong>s eaux dormantes vaguement<br />

symboliques ou l'auteur les fait paraître et d'où il les fait<br />

disparaître sans aucun souci <strong>de</strong>s lois élémentaires <strong>de</strong> l'ordonnance<br />

scénique.<br />

La douce Elsbeth a surpris les aveux d'Anne et <strong>de</strong> David; Anne<br />

sait qu'elle les a surpris.<br />

Elsbeth monte dans une vieille barque dont le fond pourri se<br />

désagrégera sous son poids; Anne sait qu'Elsbeth veut mourir.<br />

Pourtant, quand Anne aperçoit la pauvre femme se laissant couler<br />

dans l'eau tragique, le remords est le plus fort, et elle crie, elle<br />

appelle à l'ai<strong>de</strong>.<br />

Elsbeth mourra cependant, mais non sans avoir eu avec sa rivale<br />

un suprême entretien plus invraisemblable celui-ci encore que la<br />

plupart <strong>de</strong>s autres scènes qui l'étaient déjà énormément.<br />

Il y a <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s qualités dans cette œuvre. Pour excessive<br />

qu'elle soit son originalité ne manque pas d'offrir <strong>de</strong> l'intérêt.<br />

Une certaine poésie, morbi<strong>de</strong> et nébuleuse, incontestablement, et<br />

très artificielle, se dégage <strong>de</strong>s situations et surtout du dialogue.<br />

Mais quand a entendu les Eaux-Mortes on est persuadé plus que<br />

jamais que le théâtre n'est pas fait pour la création, tout à fait<br />

livresque, d'êtres anormaux. La maison <strong>de</strong>s Eaux-Mortes n'est qu'un<br />

sanatorium. Si l'auteur avait prétendu nous montrer ce que peuvent<br />

faire, et nous raconter ce que peuvent dire <strong>de</strong>s mala<strong>de</strong>s obsédés<br />

par une idée fixe, atteints <strong>de</strong> lamentable névrose, nous nous expliquerions<br />

sa pièce. Mais comme je crois bien que Mme Duterme,<br />

hantée par le souvenir <strong>de</strong> ses lectures et <strong>de</strong>s spectacles ibséniens<br />

auxquels elle a assisté, s'est imaginée qu'elle nous présentait <strong>de</strong>s<br />

êtres bien vivants, nous ne pouvons que regretter sa grossière<br />

erreur et aussi qu'elle dépense aussi mal les dons très estimables<br />

d'un talent plein <strong>de</strong> promesses.<br />

Les Eaux-Mortes ont trouvé en Mme A. Beer farouchement<br />

passionnée, en M. Bosc, très sincère, en M. Marey, toujours excellent<br />

dans les rôles sombres et tendus, en Mlle Dudicourt surtout,<br />

gracieuse, frêle et touchante comme une fillette <strong>de</strong> mystérieux conte<br />

<strong>de</strong> fées, <strong>de</strong>s interprètes consciencieux, adroits, et 'souvent émouvants.<br />

*<br />

* *<br />

Les Prodigues. — M. Paul Prist a paraphrasé et mo<strong>de</strong>rnisé la parabole<br />

<strong>de</strong> l'Enfant prodigue. Il a conté dans un poème dialogué qui<br />

a su toucher parfois les auditeurs, et dont M. Laumonier et Mme Ca-

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!