tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

72 LA PROSE ET LES VERS
JARDINS : Par dessus la Haie (Paris. Editions du Temps
Présent). — PIERRE NOTHOMB : L'Ame du Purgatoire
(Bruxelles. Editions du Masque). — RENÉ GERMANE :
L'Ame en état de grâce (Bruxelles. Editions de Durendal).
Francis Jammes le dit en douces paroles :
Tout livre que l'on ouvre est rempli de lumière...
Mais il faut tourner les feuillets très doucement et avec soin,
afin que la lumière ne s'en échappe, et n'aille se perdre Dieu sait
où.
Cela est d'une grande ironie, qu'un auteur doive attacher quelque
importance à l'opinion hâtive de n'importe qui, touchant une
œuvre pieusement méditée et travaillée longuement. Il convient
qu'une telle opinion hâtive déplaise infiniment à celui qui parfois
se croit obligé de l'émettre. C'est pourquoi je prie M. Jeangout
de ne point considérer cela comme une critique, si j'avoue ici n'avoir
aucune opinion au sujet de La Robe de Pourpre.
Je me borne à signaler ce livre, quitte à en reparler plus tard.
Il se compose d'environ cent-cinquante sonnets, en grand nombre
descriptifs, me semble-t-il, et dédiés à l'Ardenne.
Sans doute, s'il me fallait lire ces sonnets à l'enfilade, j'en éprouverais
un grand ennui; la pureté même me déplairait, au lieu de
me plaire; cela n'aurait pas grande importance, mais je me priverais
d'un agrément...
On lira sans nul ennui (et c'est un éloge, quoi qu'on pense) les
vers de Georges Feld. Pierrot Triste est un recueil de petits poèmes
sur un thème point nouveau, mais toujours joli. Ils ont une
tournure très gracieuse, et s'ils n'étalent nul lyrisme passionné,
c'est par discrétion sans doute. Sous la mine pâle d'un Pierrot,
gracieux parce qu'il faut être gracieux, devine-t-on ce que cache
un sourire, une larme, ou un mot d'ironie?...
Phœbé dans le miroir de l'eau
Se reflète, grasse et malsaine,
Tandis que la forêt prochaine
Dans l'ombre pleure son sanglot.
Auréolé d'un blanc halo
Pierrot regarde à la fontaine
Phœbé dans le miroir de Veau
Se refléter grasse et malsaine.
*