tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

élégant, séduisant, prodigue, se présente
et est agréé. Seulement ses ressources furent
toujours aussi mystérieuses qu'abondantes,
et il se révèle chef d'une bande de
voleurs anarchistes, bande admirablement
organisée et conduite jusqu'au coup de
filet final. Geneviève aux côté d'un mari
aimant et attentionné, ne survit pas à son
déshonneur.
Madame Luce de Cléryan a conté cette
mélancolique histoire avec une émotion communicative
et sincère.
Lucy ACHALME : Les Poings liés (un vol.
in-18° à fr. 3.50). — Françoise de Clairelande,
riche héritière, a épousé l'ingénieur
Daufry, par amour, et toute entière à son
amour elle n'a pas écouté un mot des clauses
du contrat dotal. Robert Daufry s'est
abstenu, par délicatesse, de les discuter.
A peine le mariage conclu, les difficultés
commençant. Françoise voudrait aider son
mari, lui donner ou lui prêter les deux cent
mille francs nécessaires pour qu'il puisse
faire honneur à sa signature. Impossible,
l'inaliénabilité de sa dot le lui défend.
Un ami suggère un expédient. Qu'ils divorcent
pour se remarier quand la transmission
des fonds aura eu lieu. Ainsi
font-ils, mais lorsqu'ils veulent rentrer
dans la régularité conjugale, des tas
d'obstacles surgissent et il faut tant de
temps pour les surmonter que Robert épouse
une autre femme, après avoir remboursé
les deux cent mille francs à Françoise. Un
joli mufle, direz-vous. En effet.
Madame Lucy Achalme qui se meut
avec l'aisance d'un juriste dans les complications
du code, a écrit là un beau plaidoyer,
plein de sentimentalité de bon
aloi, en faveur d'une réforme qui s'avère
indispensable.
*
* *
ETIENNE REY : Maximes morales et immorales
(un vol. in-18 à fr. 3.50). — Sous ce
titre M. Etienne Rey, vient de faire paraître
un recueil de pensées, de réflexions et
de boutades, qui est appelé à rencontrer
un» juste faveur. La variété des sujets, la
profondeur de l'observation, la pureté élégante
et sobre de la forme, l'esprit des
formules font de ce petit livre une œuvre
originale, à la fois très sérieuse et extrêmement
amusante.
BIBLIOGRAPHIE
Chez P. V. Stock.
PIERRE KROPOTKINE ; La science moderne
et l'Anarchie (un vol. in-18 à fr. 3.50). —
Kropotkine analyse ici les origines et le
développement de l'idée anarchique issue du
travail constructif des masses populaires,
auquel nous devons les institutions de droit
commun, et qui trouva son expression dans
les soulèvements populaires du XVIe siècle,
et, plus tard, dans Godwin, Proudhon,
et l'Internationale. Puis l'auteur traite de
l'Etat, de son rôle dans l'histoire, et des
caractères que lui imprimèrent' le double
courant des idées jacobines et du capitalisme.
Chez Eug. Figuière.
G. FANTON : Abel (un vol. in-18° à f. 3.50).
— A peine paru, ce livre a déjà une
histoire. Le manuscrit, volé à l'auteur, fut
publié, en feuilleton, dans un grand quotidien
de Paris, mais travesti et maquillé.
Sans bien entendu les excuser, je comprends
que les coupables, moins pour
échapper à des poursuites que pour les
besoins de leur clientèle de midinettes et
de calicots, se soient trouvés dans l'obligation
de modifier sérieusement, quand à
la formé et sans doute aussi quant au fond,
le roman de M. G. Fanton. Je dis : sans
doute, car, avant de lire la préface, j'ignorais
tout de cette affaire et je ne connais
pas encore le journal dont elle charge la
conscience. Tel qu'il est présenté, cette
fois, au public, Abel est d'inspiration trop
élevée — il ne se propose rien moins que
de réconcilier Jésus-Christ, Luther et Auguste
Comte — il expose des problèmes de
métaphysique trop abstruse pour être livré
en pâture aux lecteurs à un sou, malgré
l'intérêt de son action dramatique.
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RENÉ-LOUIS DOYON : Le Passé mort (un
vol. in-18 à fr. 2.50).
J'aimerais vivre encore aux époques antiques,
Allongé sans ennui sous un figuier d'Ellas
!...
Il suffit de lire ces deux vers pris un
peu au hasard dans le livre de M. Doyon
pour savoir quel est l'état d'esprit du poète.
Il regrette les temps abolis; la séduction
qu'exercent les choses du passé lui
donne la nostalgie de ne les avoir point
connues.
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