tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

354 LA QUESTION WALLONNE ET LES CATHOLIQUES
dée, ils se mirent en marge du mouvement, ajoutant souvent
la raillerie à tout ce qu'avait d'hostile une passivité
totale.
Avaient-ils raison ? Je me garderai bien de me prononcer.
Catholique comme eux, attaché à ma foi, enfant de Wallonnie,
qui aime sa terre, je voudrais simplement étudier
le mouvement wallon en lui-même, sans parti-pris, en y
discernant les éléments adventices qui le déparent partiellement
et sans autre but que d'éclairer la religion de ceux
qui nous suspectent et celle de mes amis de bonne volonté,
de dissiper, si possible, une dangereuse équivoque et,
pourquoi pas? de susciter une action.
Pour que l'information à son sujet soit nette, il est
opportun de distinguer dans le mouvement wallon deux
organismes bien distincts, absolument indépendants l'un
de l'autre. L'association « Les Amis de l'art Wallon »
née au lendemain de l'Exposition de Charleroi (1911) poursuit,
par ses propres moyens, une œuvre qu'on ne saurait
confondre avec la défense des intérêts politiques que
« L'Assemblée Wallonne » paraît s'être surtout réservée.
Les salons des Beaux-Arts de Charleroi agirent puissamment
sur nos âmes éveillées à une vie racique plus consciente
et constituent dans le développement collectif de
la Wallonie, un événement de capitale importance.
Nul, s'il n'était Wallon, ne se fût douté de ce qu'était
pour nous cette Rétrospective.
Jusqu'alors nous n'avions eu que des contacts, fort
rares et tout accidentels, avec ceux de nos ancêtres qui
ont fixé dans l'immortalité du chef-d'œuvre l'âme de notre
race; et nous n'aimions guère retourner en arrière, convaincus
que nous étions de la douloureuse stérilité d'un sol
où seulement de rares fleurs d'art avaient pu s'épanouir.
Liège exceptée, l'histoire de la Wallonie ne remontait
pas plus haut que le XIX e siècle et notre peuple ne nous