tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

NELSON LE KIME 13
dépasser la suivante ou s'incliner devant elle. Toujours
de l'équilibre entre les interlignes et les marges d'une
splendeur virginale. Ce sont bien là les éditions solennelles
qu'il voulait, pour les œuvres solennelles et définitives.
En résumé, on peut dire qu'on a fait parfois tout aussi
bien, mais jamais mieux.
Les impressions Bodoniennes après avoir connu la grande
vogue au début du dix-neuvième siècle ont été passablement
dépréciées.
La librairie française et Firmin Didot en tête, ont jeté
sur elles un certain discrédit en leur reprochant quelquesunes
de leurs incorrections et leurs sources qui n'étaient
pas à l'abri des critiques des philologues.
Bodoni répondit triomphalement à ces attaques. La légitimité
absolue des textes est une chose souvent relative
et éphémère, tel texte impeccable aujourd'hui ne l'est
plus demain. Au surplus, si l'on juge ces reproches avec
l'impartialité que donne un siècle de recul, il semble qu'ils
furent exagérés et que le succès des publications de Parme,
la haute faveur dont elles jouissaient auprès de Napoléon
Ier aient porté ombrage aux libraires français.
Quoiqu'il en soit, si l'on n'envisage que l'esthétique du
livre, dépouillé de tous les hors d'œuvre qui peuvent augmenter
son attrait, on doit mettre au tout premier rang
les productions de l'illustre typographe, et par dessus
tout ses publications grecques, dont les caractères gravés
par lui sont les plus beaux et les plus parfaits qu'on connaisse.
Les publications de Bodoni sont fort nombreuses. Le
catalogue de G. de Lama en mentionne 117 pour la première
période qui va de 1768 à 1790.
A cette époque appartiennent, l'Anacréon in-4° de 1784,
dont Renouard fît le plus grand éloge, les œuvres d'Hésiode
in-4° de 1785 et le manuel typographique de 1788,
un monument, qui à lui seul, suffirait à assurer la gloire