tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

ROBERTO-J. PAYRO 175
il a évolué et agi dans son village de Los Sanchos, dans la
capitale de sa province ou à Buenos-Ayrés, et son père, sa
mère, Térésa, la jeune fille, amie de sa famille, qu'il a
abandonnée après l'avoir déshonorée...
L'œuvre de M. Payro — les lecteurs de la Belgique
Artistique et littéraire pourront en juger par les pages
détachées et inédites qui suivent — est pleine de vie et de
couleur. Elle est d'un psychologue qui ne craint point
de paraître quelquefois brutal et cruel, parce que s'il aime
à plaire, il aime encore davantage à être vrai.
TERESA
ARNOLD GOFFIN.
...Dès le lendemain, je révélai tous mes secrets amoureux
à de la Espada, sans rien omettre, pas même l'échec
de ma dernière tentative. Il se mit à rire.
— Ne fais pas le sot! — me dit-il. — Inutile de t'affliger
; ce n'est pas le moment de te décourager. La jeune
fille est à point ; et, seule, l'occasion a manqué. Ne va pas
l'effrayer ! Au contraire, inspire-lui la plus grande confiance
et attends. Le hasard ne peut manquer de te procurer
quelque moment où une grande émotion s'emparera d'elle.
Ce moment là sera le bon ; et tu devras le mettre à profit...
Mais fait attention! Songe que le père n'est pas de
ceux qui supportent patiemment ces choses-là ; s'il vient à
découvrir tes intentions ou leur réalisation, sois sûr que
s'il ne te tue pas, il est bien capable de te marier de force ;
d'autant plus qu'il est l'ami intime de ton père.
— Bah ! répliquai-je. Nous verrons bien ce qu'il fera. Je
n'ai pas peur du vieux; et ce n'est pas le premier qui se
trouvera dans le cas d'être fort ennuyé. Combien y en
a-t-il dans le village, d'après ce que tu m'as dit toi-même,
qui ont été obligés d'accepter la honte pour éviter un
scandale pire !...
Le hasard dont avait parlé oc le petite Galicien », comme
nous l'appelions, ne tarda pas à surgir, mais dans
des conditions particulièrement tragiques pour moi... Du-