tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

ARTHUR DE RUDDER 145
LES PEUPLES ET LA VIE
Peintres et Ecrivains.
Un journaliste allemand, M. Fritz Stahl, rédacteur au
Berliner Tageblatt a eu l'ingénieuse idée d'interroger des
peintres et des écrivains de son pays sur les influences qu'ils
avaient mutuellement exercées les uns sur les autres. Il
semble qu'à notre époque la littérature et les beaux-arts
se soient souvent rapprochés sinon confondus. Tel écrivain
se servit d'images qui évoquaient directement la manière
du peintre. Chez nous Lemonnier et Demolder nous
donnèrent des paysages plastiquement sentis, et en France,
Leconte de Lisle, pour ne citer que ce poète, composa
des vers où l'art du sculpteur était apparent. Il est
bien peu de littérateurs qui de nos jours ne s'intéressent
pas au mouvement artistique, et plus d'un est descendu
dans l'arêne où se livrait le combat esthétique. Les exemples
sont trop nombreux pour que nous tentions de les rappeler.
La littérature, à son tour, exerça une incontestable
influence sur les peintres et les sculpteurs, qui leur empruntèrent
les sujets de leurs œuvres. N'a-t-on pas, à de
nombreuses reprises parlé, non sans dédain, de peinture
littéraire ?
L'unité en art fut un des problèmes du XIX e siècle.
»
Wagner fut un de ceux qui tentèrent de réussir la littérature,
la musique et la peinture. Faut-il rappeler les
innovations faites en matière théâtrale par Reinhardt,
Rouché et tant d'autres qui voulaient que la puissance
du verbe exprimé par la parole fût soutenues ou augmentée
par l'éclat du décor. Le peintre russe Bakst est célèbre
par les décorations qu'il esquissa pour des ballets. Musique
et peinture ont rompu le divorce qui semblait les
diviser et la littérature a si souvent montré une vive sympathie
pour les beaux-arts qu'on aurait mauvaise grâce