tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

182 AVENTURES DIVERTISSANTES
à sa douleur. Le curé et don Higinio ne m'avaient pas
quitté...
A la maison, nous trouvâmes quelques dames et quelques
jeunes filles. Teresa esayait de consoler Mamita qui, enfermée
dans sa chambre maintenue volontairement dans une
obscurité complète, pleurait et priait, en refusant de voir
personne et de se laisser distraire de sa peine sous aucun
prétexte. Elle me tint embrassé un long moment, me couvrant
de baisers et me baignant de ses larmes.
A l'heure du repas, tous les visiteurs s'en allèrent, à
l'exception de Teresa qui, sur le conseil de Don Higinio,
resta pour tenir compagnie à ma mère et pour ranger la
maison.
Une fois, le soir, Teresa, compatissant à ma profonde
affliction, me parla plus tendrement que jamais. Enivrés
par la douleur, il y eut un instant dans lequel nous nous
embrassâmes si désespérément que je perdis la tête...
Et ce fut le moment de grande émotion dont avait parlé
de la Espada.
AU CONGRÈS NATIONAL
...Bien que je fusse déjà assez accoutumé à la vie intense
de la grande métropole, Buenos-Ayres m'étourdit d'abord;
et ce phénomène s'explique. Jusqu'alors je n'y étais venu
que pour m'y promener, sans but déterminé, ayant tout
mon temps à moi, comptant toujours sur le refuge de ma
cité, comme sur un rempart qui me défendrait, le cas
échéant, pouvant y choisir mes relations, y vivre effacé ou
m'y prodiguer selon ce qui me convenait, simple visiteur
enfin que l'ennemi même reçoit courtoisement, comme durand
la trève d'une bataille, tandis que cette fois j'allais
m'enraciner là, avec un plan de conduite fixé dans ses
grandes lignes, avec des obligations politiques et sociales,
des devoirs d'ordre divers, des nécessités urgentes comme
celle de me mettre au diapason du grand monde, pour
ne pas y jouer un rôle ridicule. Sans me comparer aux Do-