tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

R. E. MÉLOT 73
Tout en sifflotant un solo,
Rageur de voir la lune pleine,
Il jette une pierre et, soudaine,
S'efface, avec un trémolo,
Phœbê dans le miroir de l'eau.
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Très différent est le Tabernacle d'amour, de Marcel Vanderauwera,
préfacé par M. Iwan Gilkin.
Il est des livres qu'il semble qu'on ait écrits pour soi-même; d'autres
qui sont évidemment destinés au public. C'est parmi les premiers
que je rangerais Le Tabernacle d'amour. Ici donc se manifeste,
mieux encore qu'ailleurs, la parfaite inutilité de la critique.
Que voulez-vous qu'il m'importe, si j'ai écrit un livre tout d'intimité,
que voulez-vous qu'il m'importe de savoir (ou alors l'impudeur
est trop flagrante) ce qu'en pense un tiers? — Mais pourquoi
publier? — En effet. Il faut quelque courage ou quelque fatuité
pour « publier ».
Nous ne ferons pas de digression — facile — sur la pudeur en littérature.
Je suis convaincu qu'il est méprisable de divulguer à tout
venant les émotions intimes que l'on ressent. Mais cela est indispensable
aussi. Cherchons-en l'excuse dans les sympathies inconnues,
dans les amitiés désintéressées, inutiles mais précieuses, que peut
faire naître la lecture de ces aveux.
L'auteur du Tabernacle d'amour a eu raison de publier ses poèmes,
religieux et profanes tout ensemble, qui plaisent par leur juvénile
ardeur. Je ne pense pas qu'il faille s'alarmer des trop nombreuses
citations de d'Annunzio, en épigraphes. Tout est ingénuité...
Et l'ingénuité c'est la poésie même, d'où naissent les plus belles
ferveurs :
Mon amour, j'aurais pu ne jamais Te connaître!
As-tu déjà songé à cette énormité?
Plus tard, peut-être, le poète regrettera (comme tout le monde)
de n'avoir pas dit mieux encore de si belles choses passionnées,
mais il sourira au plus beau souvenir.
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* *
Nous parlons de sourire.
Je dirais volontiers quelques mots du Suarès de Henry Domrnar-