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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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GEORGES EEKHOUD 327<br />

ma parente. Ce conte que l'on trouvera dans Mes Communions<br />

débute ainsi : « Combien <strong>de</strong> fois aux heures crépusculaires,<br />

ne me suis-je pas absorbé dans la contemplation<br />

<strong>de</strong> ton lilial fantôme <strong>de</strong> phtysique, Tante Marie, jeune<br />

sœur <strong>de</strong> ma mère, la benjamine <strong>de</strong> mon aïeule, ma sœur<br />

aussi ou mieux ma mère ca<strong>de</strong>tte ! Je ne t'aimai que par<br />

<strong>de</strong>là la tombe, car je ne possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> ton passage corporel<br />

sur cette terre que ce portrait à l'huile qui te suggère<br />

adolescente au teint nacré, aux profonds yeux bleus, aux<br />

noirs cheveux en ban<strong>de</strong>aux, douce Tante Marie, à la<br />

maladive et poignante beauté <strong>de</strong>s fleurs lunaires et <strong>de</strong>s<br />

étangs <strong>de</strong> minuit...! »<br />

Ce portrait peint par une amie, montre en effet une<br />

jeune personne délicate, à la pâleur si diaphane que l'azur<br />

<strong>de</strong>s veines y affleure. C'était une créature d'élite, toute<br />

<strong>de</strong> tendresse et <strong>de</strong> dévouement. Adorée <strong>de</strong> sa mère, elle<br />

la payait filialement <strong>de</strong> retour. Quand elle se maria, quelque<br />

affection qu'elle portât à son mari, elle souffrit amèrement<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>voir quitter le toit maternel, la ville natale<br />

et même le pays : « Je suis bien contrariée, écrivait-elle<br />

à sa mère, d'apprendre que tu es toujours si mélancolique,<br />

d'autant plus que je sais bien en être un peu la raison, —<br />

le vi<strong>de</strong> causé par mon départ et toutes les inquiétu<strong>de</strong>s que<br />

<strong>de</strong>puis près d'un an ma santé t'a occasionnées, ont produit<br />

chez toi l'ébranlement nerveux dont cette tristesse est le<br />

résultat. J'espère cependant que toutes les bonnes nouvelles<br />

que j'ai le bonheur <strong>de</strong> pouvoir te donner sur ma<br />

santé et sur ma satisfaction complète te relèveront un<br />

peu le moral, car les mères vivent et se sentent plus dans<br />

leurs enfants que dans elles-mêmes, et moi, ne suis-je pas,<br />

n'ai-je pas toujours été ton enfant chéri? Aussi crois-le<br />

bien, ma bien aimée mère, si parfois un nuage passe<br />

sur ma pensée radieuse, ce nuage c'est ton souvenir, c'est<br />

le regret, <strong>de</strong> t'avoir perdue et l'espèce <strong>de</strong> remords <strong>de</strong> n'être<br />

plus toute à toi, qui as toujours été tant à moi, et je ne<br />

t'écris pas une fois sans être forcée d'interrompre ma<br />

lettre pour donner un <strong>libre</strong> cours à mes pleurs!... Non,

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