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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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LE DRAME ET L'OPERA<br />

mille Médal, notamment, ont dit avec beaucoup <strong>de</strong> sentiment les<br />

vers souvent heureux, le retour du fils désabusé <strong>de</strong>s périls et <strong>de</strong>s<br />

misères <strong>de</strong> l'aventure; puis il a montré la révolte du frère qui ne<br />

peut comprendre que l'assoiffé <strong>de</strong> liberté, que celui qui a goûté<br />

à toutes les ivresses <strong>de</strong> la vie sans contraintes, qui s'est évadé <strong>de</strong>s<br />

étroites geôles familiales et s'est affranchi <strong>de</strong>s préjugés, accepte <strong>de</strong><br />

reprendre le collier <strong>de</strong> mesquine servitu<strong>de</strong>. Le frère fait honte à<br />

l'affamé qui s'attable, au frileux qui se chauffe, à l'attristé solitaire<br />

qui se laisse consoler et il part, lui, à son tour, vers l'aventure...<br />

*<br />

* *<br />

La Femme seule. — Peu <strong>de</strong> théâtres ont l'unité, la constance<br />

<strong>de</strong> celui <strong>de</strong> M. E. Brieux. Les mêmes défauts et les mêmes qualités,<br />

immuablement, se retrouvent dans chacune <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> cet<br />

apôtre à qui même ses contempteurs les plus sévères ne peuvent<br />

s'empêcher <strong>de</strong> reconnaître une loyale et louable sincérité.<br />

La Femme seule est bâtie suivant le procédé toujours i<strong>de</strong>ntique<br />

qu'à adopté M. Brieux, — moraliste-conférencier-dramaturge.<br />

En montrant quelques épiso<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la vie d'une orpheline pauvre<br />

résolue à gagner honnêtement sa vie par le moyen <strong>de</strong> son seul<br />

travail, <strong>de</strong> sa seule vaillance et forcée d'y renoncer après quelques<br />

tentatives malheureuses, M. Brieux a prétendu prouver par un exemple<br />

que la situation <strong>de</strong> la « Femme seule » est bien à plaindre dans<br />

l'état actuel <strong>de</strong> notre société et surtout <strong>de</strong> notre humanité.<br />

Malheureusement l'auteur n'aboutit à convaincre personne parce<br />

qu'il fait <strong>de</strong> son héroïne une victime, non pas <strong>de</strong>s hommes et les<br />

préjugés, mais <strong>de</strong> soi-même. Sa Thérèse n'est pas une « femme »<br />

mais une « féministe » et ce n'est pas du tout la même chose.<br />

Tour à tour rédactrice à un journal <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> combative puis<br />

directrice d'un atelier d'où elle renvoie tous les ouvriers pour les<br />

remplacer par <strong>de</strong>s femmes, Thérèse s'étonne, se désole et s'irrite 'le<br />

ne rencontrer que <strong>de</strong>s désappointements et <strong>de</strong> ne subir que <strong>de</strong>s<br />

échecs?...<br />

A beaucoup <strong>de</strong> qualités personnelles et à quelques gros défauts, la<br />

pauvre fille ajoute une dose assez considérable <strong>de</strong> naïveté.<br />

Tout cela, en somme, est trop invraisemblable ; les postulats<br />

<strong>de</strong> l'auteur sont sans logique; la conclusion reste absente et nous<br />

ne nous sentons pas un instant émus sur le compte <strong>de</strong> l'héroïne<br />

malgré la sincérité frémissante, le charme attendri que mit, délicieusement,<br />

Mlle Cécile Guyon à incarner cette figure conventionnelle.<br />

PAUL ANDRÉ.

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