tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

LOUIS PIERARD 107
« cercle artistique, littéraire et militaire » qui l'avait
invité. On lui souffla en souriant « qu'Anvers, métropole
des arts et du commerce » faisait toujours très bien. Le
cliché enthousiasma Verlaine qui, le soir même, le replaça
et même le répéta une dizaine de fois. Les auditeurs et
« ces messieurs du Comité » furent bien près de croire que
Max Elskamp en faisant venir cet étrange bonhomme,
s'était permis une bien mauvaise plaisanterie. Le lendemain
matin, au réveil, Verlaine qui avait demandé à être
payé en or, s'amusait dans son lit à faire tomber en cascade
les quinze ou vingt louis qu'il avait reçus...
*
* *
L'œuvre.
A présent que j'ai tout dit de l'homme, j'ai dit à peu
près tout de son oeuvre. (1) Max Elskamp, pour nous, est
avant tout un admirable poète de la vie populaire. M. André
Beaunier, trompé par la langue archaïque de certains
poëmes, a vu en lui un mystique : « C'est tout à fait par
hasard, dit-il, que Max Elskamp est né parmi nous. Il
devait être le contemporain des mystiques du XIV e siècle :
Ruysbroeck, Henri Suso l'auraient compris. En notre
temps, il est dépaysé » (La Poésie Nouvelle, Ed. Mercure
de France, Paris, 1902).
Pour nous, ce qui nous frappe et nous émeut chez le
poète, c'est que sous une forme archaïque, on trouve des
notations si justes et si fortes, une vision si aiguë de
l'Anvers populaire d'aujourd'hui et de cette Flandre qui
revit dans cent petits objets réunis au musée de folklore
de la rue du Saint-Esprit.
(1) Œuvres publiées : La Louange de la Vie (1892-1895), comprenant
: Dominical, Salutations dont d'Angéliques, En symbole vers
l'apostolat, Six chansons de pauvre homme, (1 vol. Mercure de
France. Paris). Enluminures, avec des bois gravés par l'auteur,
(l vol. Lacomblez, Bruxelles). L'Alphabet de Notre-Dame la Vierge,
Ed. du conservatoire de la tradition populaire, Anvers.