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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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R.-E. MÉLOT 75<br />

niale que l'on oserait prétendre que cette sensibilité vous a nui ».<br />

J'aimerais dire les souvenirs que ce livre évoque en moi, ou, tout<br />

au moins, en faire goûter la fraîcheur rustique et l'émotion délicieuse.<br />

Ce sont <strong>de</strong>s poèmes en prose, plutôt que <strong>de</strong> courtes nouvelles.<br />

Ils sont d'une tendresse à la fois enfantine et paternelle.<br />

C'est là, me semble-t-il, leur originalité. Les moindres choses <strong>de</strong> la<br />

campagne y vivent telles que les voyait l'enfant; mais on sent que<br />

l'enfant est homme, et la tendresse puérile <strong>de</strong> l'un se mêle à la<br />

pitié aimante <strong>de</strong> l'autre.<br />

ce Dans mon jardin se trouvait une petite allée <strong>de</strong> trois à quatre<br />

pas, toujours bien ratissée. J'avais une bêche, un râteau et un arrosoir;<br />

mais j'aurais aimé <strong>de</strong> gros sabots vomissant la paille pour me<br />

promener dans mon allée et une pipe pour fumer en crachant au<br />

milieu <strong>de</strong> mes pommes <strong>de</strong> terre. Tout près <strong>de</strong> là, l'eau d'un petit<br />

bassin dormait tranquille, avec quelquefois une souris morte, flottant<br />

si doucement, que j'étais bien forcé <strong>de</strong> penser que la mort<br />

était une chose amicale et accueillante ».<br />

J'aimerais citer bien <strong>de</strong>s pages <strong>de</strong> ce livre, celles où l'on voit<br />

d'humbles choses si belles, celles où l'on voit <strong>de</strong>s enfants, celles<br />

où l'on entend 1' « âme du petit frère », qui se pose un instant, puis<br />

s'en va...<br />

«: Elle n'est jamais revenue à la tombée <strong>de</strong>s soirs sur le pot <strong>de</strong><br />

géraniums, l'âme ingénue, malheureuse et si nostalgique du petit<br />

frère <strong>de</strong> quatre ans, du petit mort qui avait si peur qu'on l'oublie,<br />

et. qui regrettait tant <strong>de</strong> ne plus être avec moi dans la cour, quand<br />

on plumait les canards à l'abri <strong>de</strong>s tilleuls...<br />

« Peut-être pleure-t-elle éternellement sous les tiè<strong>de</strong>s meules <strong>de</strong><br />

foin <strong>de</strong>s prés célestes, en songant que j'ai sans doute ri <strong>de</strong> ses<br />

tendres regrets?...<br />

« Peut-être encore sourit-elle, consolée <strong>de</strong> la terre oublieuse par<br />

les doux anges, à la bouche ron<strong>de</strong> et parfumée, qui est plus douce<br />

sur la peau nue que les violettes du parc — ces violettes qu'il<br />

appuyait sur sa joue, le petit frère, quand il croyait qu'elles voulaient<br />

l'embrasser... »<br />

*<br />

• *<br />

« A mesure qu'on a plus d'esprit on trouve qu'il y a plus d'hommes<br />

originaux ».<br />

Et plus <strong>de</strong> livres originaux.<br />

Une lecture superficielle ne nous montre que les faciles ressemblances<br />

qui existent entre les œuvres, et vite nous concluons à la<br />

banalité. (Peut-être est-ce parce qu'on lit très mal, aujourd'hui,<br />

que bien <strong>de</strong>s auteurs cherchent à forcer l'attention par un excès

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