tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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LES PRIX LITTÉRAIRES
guère de commun que les mêmes personnages, et, surtout,
la même atmosphère. Tout pêcheur doit avoir une barque ;
Urbain Coët, environné de jaloux et haineux voisins auxquels
ses qualités et ses vertus déplaisent, baptise la sienne
« Le-Dépit-des-Envieux »... Et, un jour, Urbain Coët
et son bateau ne rentrent pas ; ceci nous vaut une description
émouvante : sur la jetée du port, dans la nuit, les
femmes des pêcheurs sonnant la cloche d'alarme. Voilà la
première partie.
La Gaude — La Femme — est l'héroïne du deuxième
chapitre ; c'est un type connu : la gourgandine, la bacchante
aux sourires aguichants, à la chair facile, que tous
les romanciers, depuis Zola, ont cru devoir nous présenter.
Puis, enfin, voici La Mer à laquelle un père dispute ses
deux enfants ; la séductrice les lui enlève cependant, ainsi
qu'il arrive, en général, dans tous les contes que la mer,
depuis Pierre Loti jusqu'à François Coppée, a inspirés.
Le livre de Marc Elder est bien écrit, nerveusement
développé et s'agrémente d'épisodes croqués sur le vif. Le
sujet a été pris au bord de la mer; il semble indiqué que
l'heure présente demande aux romanciers de s'écarter des
villes pour trouver des sujets intéressants (1) ; ainsi, Henry
Daguerches, l'auteur du Kilomètre 83 est allé chercher
son inspiration au bout du monde.
On s'occupe de construire une voie ferrée par dessus
des marécages où s'alimente un fleuve des pays chauds ; la
terre se refuse aux efforts des conquérants ; l'eau s'oppose
à leur activité ; et la terre et l'eau, alliées, dispensent des
fièvres qui abattent et tuent les hommes. La discipline,
la force et la volonté humaines l'emportent sur l'inertie
mauvaise de la nature et le Kilomètre 83 du chemin de fer
est construit.
Je reprocherai à ce roman sur la Cochinchine, d'abord,
d'être assez complexe, même incohérent ; ensuite, je crois
y trouver une influence un peu marquée de Rudyard Ki-
(1) Henri Duvemois, peut-être, fait exception.