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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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308<br />

LE DRAME ET L'OPERA<br />

thie pour Robert, tout frais émoulu <strong>de</strong> Polytechnique. Il le prend<br />

à son service. Il l'installe dans sa maison. Il en fait, comme on dit,<br />

son bras droit. La mère est aux cent coups, partagée entre le bonheur<br />

et l'inquiétu<strong>de</strong> perpétuelle.<br />

Mais les idées <strong>de</strong> Guéret et celles <strong>de</strong> son second sur la façon <strong>de</strong><br />

mener et <strong>de</strong> traiter les ouvriers sont à l'opposé les unes <strong>de</strong>s autres.<br />

Aussi le jour où une grève éclate dans l'usine, le jeune humanitariste,<br />

nourri <strong>de</strong> doctrines dangereuses et inoculé par sa propre<br />

amertume, prend le parti <strong>de</strong>s révoltés contre leur patron. Comme<br />

ce patron est aussi son bienfaiteur à lui, Robert Marcel, on peut<br />

estimer que celui-ci agit sans beaucoup <strong>de</strong> gratitu<strong>de</strong>. Le moins<br />

qu'il eût pu faire était <strong>de</strong> rester neutre dans le conflit.<br />

Bien au contraire, il en prend la tête. Et c'est lui qui vient poser<br />

à Guéret les conditions <strong>de</strong> l'ultimatum. Il est reçu, on le <strong>de</strong>vine,<br />

sans aménité. Guéret sait que sa ruine est imminente : les grévistes<br />

ont été les plus forts; quelque puissant qu'il soit, l'homme est<br />

terrassé. C'est Robert Marcel l'artisan <strong>de</strong> ce désastre! Guéret ne<br />

ménage pas ses expressions pour le lui dire. L'entrevue <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

hommes, la nuit, dans la chambre voisine <strong>de</strong> celle où dort Sergine<br />

Guéret, se termine par un colletage brutal. Mme Guéret, que le<br />

bruit et les cris réveillent, surgit; elle se jette sur son mari et laisse<br />

échapper l'aveu affolé : « C'est mon enfant ! »<br />

Entre-temps, les grévistes ont fait sauter l'usine et toutes les<br />

catastrophes ont donc fondu sur le pauvre Guéret.<br />

Nous le revoyons, au quatrième acte, parmi les débris <strong>de</strong> ses<br />

ateliers. Il s'apprête à partir. Il ira au loin, en Russie, refaire sa<br />

vie avec une vaillance qu'on sent âpre et décidée. Une femme,<br />

espèce d'aventurière, Slave troublante et roublar<strong>de</strong>, qui rôdait <strong>de</strong>puis<br />

quelque temps autour <strong>de</strong> Guéret, lui a suggéré <strong>de</strong> la suivre<br />

dans son lointain pays.<br />

Mais il y a Anne-Marie... Anne-Marie, la fillette <strong>de</strong> Jean Guéret<br />

et <strong>de</strong> Sergine. Elle vient consoler son papa; elle ne sait rien <strong>de</strong>s<br />

drames d'amour; elle ne connaît que le drame d'argent. De celui-ci,<br />

on ne peut pas, on ne doit pas mourir. Un mot, un embrassement<br />

<strong>de</strong> la douce enfant suffiront à apaiser l'âme du vieil homme et à<br />

y verser toute la mansuétu<strong>de</strong> que réclame un dénouement heureux<br />

encore que bien peu acceptable.<br />

Pourtant, nous l'acceptons, comme tout le reste <strong>de</strong> ces péripéties<br />

trop adroitement combinées. Mais c'est parce que l'auteur met à<br />

nous les présenter cotte habileté <strong>de</strong> quelques hommes <strong>de</strong> théâtre<br />

actuels. Leur « métier » est d'une telle <strong>de</strong>xtérité qu'ils nous enlèvent<br />

jusqu'à la faculté <strong>de</strong> nous apercevoir <strong>de</strong>s erreurs <strong>de</strong> jugement<br />

et <strong>de</strong> sentiment dans lesquelles nous versons, tant ils prennent

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