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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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254<br />

L'ÉLOQUENCE AU PARLEMENT<br />

tenez, vous allez voir un exemple vivant <strong>de</strong> sa métho<strong>de</strong>.<br />

Vous connaissez le fameux discours sur la contribution<br />

du quart qui, paraît-il, produisit une in<strong>de</strong>scriptible impression<br />

; il se termine par la péroraison célèbre : « ...la<br />

banqueroute, la hi<strong>de</strong>use banqueroute est là !... » Eh bien,<br />

le manuscrit du discours, <strong>de</strong> la main <strong>de</strong> Mirabeau, repose<br />

à Paris, à la Bibliothèque <strong>de</strong> l'Arsenal : M. Aulard l'a<br />

reproduit en fac-simile, dans son livre : Les Orateurs <strong>de</strong><br />

la Révolution.<br />

Je vais vous lire, très simplement, la péroraison, d'après<br />

le texte définitif qui parut dans un journal <strong>de</strong> l'époque,<br />

afin <strong>de</strong> le comparer au manuscrit. Le voici : « Eh ! messieurs,<br />

à propos d'une ridicule motion du Palais-Royal,<br />

d'une risible insurrection qui n'eut jamais d'importance<br />

que dans les imaginations faibles, ou dans les <strong>de</strong>sseins<br />

pervers <strong>de</strong> quelques hommes <strong>de</strong> mauvaise foi, vous avez<br />

entendu naguère ces mots forcenés : Catilina est aux portes<br />

<strong>de</strong> Rome, et l'on délibère ! Et certes, il n'y avait autour<br />

<strong>de</strong> nous ni Catilina, ni périls, ni factions, ni Rome... Mais<br />

aujourd'hui, la banqueroute, la hi<strong>de</strong>use banqueroute est<br />

là ; elle menace <strong>de</strong> consumer, vous, vos propriétés, votre<br />

honneur... et vous délibérez! »<br />

Tel est le texte définitif, officiel, que publia le « Courrier<br />

<strong>de</strong> Provence ». Remarquez l'avant <strong>de</strong>rnière phrase :<br />

« Et certes, il n'y avait autour <strong>de</strong> nous ni Catilina, ni<br />

périls, ni factions, ni Rome. Mais aujourd'hui... etc.. »<br />

— Voyons maintenant le manuscrit. Mirabeau écrit d'abord<br />

: « Et il n'y avait cependant ni Catilina, ni factions,<br />

ni Rome... » — La phrase est étriquée, manque d'ampleur.<br />

Il corrige aussitôt en marge, et il écrit : « Et certes,<br />

il n'y avait alors autour <strong>de</strong> nous ni Catilina, ni factions,<br />

ni Rome... » Enfin, plus tard, il modifia encore, puisque<br />

le texte définitif <strong>de</strong>vient : « Ft certes, il n'y avait autour<br />

<strong>de</strong> nous ni Catilina, ni périls, ni factions, ni Rome... »<br />

Et voilà la phrase admirablement équilibrée.<br />

Il continue, et il écrit du premier jet : « Mais aujourd'hui<br />

la banqueroute est à vos portes ». Il corrige : « Mais

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