tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

10 GIAMBATISTA BODONI
sa première métamorphose. Le chevalier d'Azara, ambassadeur
d'Espagne auprès du St-Siège, la prend sous sa
protection et la Cour de Madrid lui accorde des subsides.
Bodoni imprime sous son nom.
En 1796, les armées Napoléonniennes envahissent le duché.
Ferdinand 1er n'obtient un armistice, son salut et
celui de son peuple, qu'en versant des millions, d'immenses
approvisionnements et des tableaux au général du
directoire.
Bodoni sans user de courtisanerie, s'en tire à meilleur
compte. Les rapports des commissaires français en font le
plus pompeux éloge et attirent sur celui qu'ils appellent
« l'Aide Manuce Saluzzien » l'attention du gouvernement
français.
Celui-ci prodigue à Bodoni de multiples et continuelles
marques d'encouragement.
En 1806, il fait frapper une médaille en son honneur ;
il l'invite à l'Exposition industrielle de 1806, à Paris et lui
décerne la plus haute récompense.
Le duché de Parme avait été incorporé à l'Empire
Français en 1805, Napoléon I er qui n'a jamais rien négligé
de ce qui pouvait contribuer à l'éclat de son règne,
accorde sa haute et efficace protection à Badoni. Le grand
Empereur paie sur sa cassette personnelle la colossale et
merveilleuse édition de l'Iliade de 1808, publiée à son
chiffre et à ses armes et accorde à Bodoni une pension importante.
Murat de son côté, s'intéresse aux publications françaises
que Bodoni dédie à son fils et lui octroie en 1811, la
croix de son ordre et une subvention de 18 mille francs.
Sa mort survient en 1813, le 29 novembre : elle le surprend
en pleine élaboration de nouveaux travaux.
Bodoni n'était pas seulement un érudit, un polyglotte,
un helléniste et un orientaliste ; comme notre Christophe
Plantin, c'était un poète et l'on garde de lui un recueil de
sonnets italiens d'un tour aimable et charmant.
On fit à ce prince des typographes une pompe funèbre