tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

JEAN MALLECH 203
vées ; il faut donc les éliminer, de même qu'il faut éliminer
les idiots — qui exigent un traitement médical incessant,
— et ceux que l'on ne peut éduquer que dans une
très faible proportion.
Après ces deux catégories, il reste précisément ceux qui
ne sont pas suffisamment doués pour bénéficier d'un travail
commun avec les normaux ; ils ne comprennent pas,
ne peuvent pas suivre ; quelques-uns n'arrivent même pas à
s'assimiler les choses les plus simples du cours élémentaire.
Alors, il arrive qu'ils se désintéressent de la classe ;
on les oublie dans leur coin et on ne s'occupe plus d'eux ;
mais beaucoup sont des instables ; ils ont le caractère irritable,
ne peuvent rester tranquilles, sont désobéissants et
deviennent une cause incessante de trouble et d'ennuis.
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La silhouette d'enfant anormale que je retracerai ici
en donnera une assez bonne idée :
Jeanne a dix ans ; elle est bien bâtie. Ses membres
épais et fermes et son corps vigoureux lui prêtent l'apparence
d'une santé robuste. Elle est d'origine campagnarde.
Cette force physique est pour elle, à l'occasion, un moyen
de défense. Jeanne entretient d'ailleurs sa vigueur par un
appétit caractéristique.
A l'entrée à l'école, elle était violente, sauvage, fantasque,
cruelle. Ses notions de langage n'étaient guère développées
; elle répondait aux questions par un grognement
inintelligible, rauque et grave.
Le milieu familial n'est guère favorable à l'éducation.
Le père souvent ivre provoque les querelles, les grandsparents
également alcooliques donnent à l'enfant le spectacle
de scènes de brutalité et de dégradation morale.
L'exploration des sens révèle chez Jeanne un manque
d'éducation; la vue est affaiblie, l'acuité auditive est réduite
et inégale ; l'état intellectuel correspond à la lourdeur
de l'organisme. Les facultés sont en déficit : les