tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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AVENTURES DIVERTISSANTES
il n'était pas possible de le laisser dans le bourbier : et
après avoir payé ses dettes, on l'envoya en mission à l'étranger
; dans le second cas, personne, pas même Pietranea
lui-même, ne restait compromis ; si ces travaux étaient
réellement de quelque valeur, ils ne s'évaporeraient pas
pour si peu. Des hommes plus grands que celui qu'il aurait
pu devenir ont vécu dans la misère; et cependant l'humanité
n'a pas perdu leurs œuvres. En somme, il y a dans
notre pays trop de mélange social pour que nous nous
occupions encore à l'augmenter.
Don Casiano, bon compagnon, et considérant sans doute
que je pouvais lui être utile à Buenos-Ayres, me procura
immédiatement une prébende, une situation inutile mais
bien payée, me mettant en rapport, avec diverses commissions
publiques ayant des affaires avec la province. Avec
cela je pouvais me retourner, car j'ai dit que j'étais prudent
; et je n'aurais garde de commettre des folies irrémédiables,
ni même dangereuses, bien que je sois très capable
de gaspiller mes rentrées et mes bénéfices extraordinaires
avec la plus grande intrépidité, comme je l'avais
fait jusqu'alors. Dans les luttes antérieures à mon élection,
la presse d'opposition m'accusa plus ou moins injustement
de malversations, de « cagnottes » exigées des
pourvoyeurs de la police, de gratifications secrètes reçues
du gouvernement, de « pour cent » prélevé sur les vigilants
« repris », comme les compagnons de table de don Sandalio
Suarez, le commissaire de Los Sunchos ; et il est certain —
je n'ai pas de honte à le confesser, parce qu'à cette époque
tout le monde faisait de même, — que j'acceptais, quand
on me l'offrait ; mais c'est aussi la vérité que je ne le
fis jamais en vue d'augmenter mes appointements, sinon
avec un entier désintéressement, pour améliorer ma
vie. Tout cela est venu et s'en est allé ; et si ce n'avait
été par les spéculations sur ma ferme et d'autres
petites entreprises avec l'argent des banques, ma fortune
aurait été des plus modestes. J'aime l'argent, non pas
pour lui-même, mais pour la liberté qu'il procure et qu'il