tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

NELSON LE KIMÉ 159
subtiles progressions harmoniques ou celui, bien connu, du vendredisaint
au caressant murmure, sur lequel se détache une mélodie pénétrante
confiée aux instruments à anche, flûte, hautbois, basson.
Que dire des chœurs qui tous sont admirablement écrits et de
si surprenante inspiration? Les chœurs des chevaliers d'une si impressionnante
fermeté, les cantiques si touchants exprimés par les
chantres féminins de la demi hauteur, enfin ces phrases souverainement
angéliques, exhalées par les enfants dissimulés dans les
cintres.
Le cadre forcément restreint de cet article ne nous permet pas
d'insister davantage sur les beautés de la partition. Nous ne pouvons
que renvoyer le lecteur qui voudrait pénétrer dans les arcanes de ce
chef d'oeuvre, au beau livre de Maurice Kufferath, dont une sixième
édition vient de paraître, aux analyses thématiques sommaires,
mais très pratiques, de MM. Gauchez et Gaston Knosp,
Cette première de Parsifal fut évidemment un événement bruxellois,
une solennité musicale comme depuis longtemps on n'en avait
vue au théâtre de la Monnaie. La salle était comble, d'une assistance
attentive composée de tout ce qui porte un nom dans la Société
artistique, intellectuelle ou mondaine de notre capitale.
L'interprétation fut de nature à satisfaire les plus exigeants, elle
fut empreinte d'une réelle ferveur, d'un souci d'art noble et raffiné.
M. Lohse s'est attaché à rendre la pensée wagnérienne avec respect,
poésie et grandeur. Homme de théâtre étonnant, toujours au
fait de l'effet à produire, de l'effet attendu ou espéré, il lui suffit
d'être au pupitre, devant le rideau pour entrer dans l'esprit de
l'œuvre à rendre. L'orchestre merveilleusement discipliné a nuancé
avec une extrême délicatesse cette partition si émotionnante. Mention
toute spéciale pour les chœurs, d'une sonorité pure et distinguée,
d'une remarquable justesse d'ensemble et qui ont rendu avec
une pénétrante onction et une conviction communicative la scène
religieuse du second tableau, qui fit sensation par sa belle ordonnuance
vocale et décorative et fut, de l'avis unanime, une des scènes
lyriques les plus émouvantes que l'on ait vue au théâtre.
Parmi les artistes chargés des principaux rôles, une mention spéciale
revient de droit à MM. Billot et Rouard, qui ont composé avec
caractère et accent dramatique les personnages de Gurnemanz et
d'Amfortas. M. Hensel, engagé spécialement, desservi par la traduction
française, alors qu'il est habitué à chanter en Allemand,
n'a pas donné à la figure ingénue et touchante de Parsifal l'aspect
scénique qu'elle réclamait. La voix est puissante, mais le geste
a paru brusque sans intention bien définie. Mme Panis s'est dépen-