tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

personnages uniques, possédés d'un sentiment
unique. A cette question, il répond
affirmativement — et son livre avec lui,
du reste — car, ajoute-t-il, « ce qui suffit
» parfois à remplir toute une vie, peut suffire
à remplir tout un livre ». Son héroïne,
Irène, a épousé un écrivain qui, après peu
de temps, devient aveugle. Gilbert, le
mari, dans la nuit qui l'enveloppe, a gardé
intacte, dans son imagination, la beauté de
sa femme. Irène se prend de jalousie pour
cette Image d'elle à laquelle Gilbert a voué
un véritable culte. Son amour déjà chancelant,
sombre dans son désarroi et elle
va jusqu'à céder à Didier, un ami de Gilbert.
Cette passion dure peu, car Irène
n'aime pas Didier au sens vrai du mot.
Blessée et repentante elle revient à Gilbert,
mais celui-ci ne reconnaît plus en elle
son Image adorée, avec laquelle il va continuer
de vivre.
Il y a là une situation assez neuve qui,
avec toutes les autres qualités du roman,
procurera à celui-ci une carrière beaucoup
plus qu'honorable.
BIBLIOGRAPHIE
Chez Calmann-Lévy.
PIERRE DE COULEVAIN : Le Roman Merveilleux
(un vol. in-18° à fr. 3.50). — Ce
qui fait le charme précieux des livres de
Pierre de Coulevain, et c'est la raison même,
je crois, pour laquelle je ne puis me
résoudre à écrire, respectueusement, comme
il se devrait : Madame Pierre de Coulevain,
c'est qu'avec eux, dès les premiers
feuillets, on se sent en pleine confiance,
ainsi qu'auprès d'un ami très cher auquel
on peut et l'on doit tout confier de ses
joies et de ses peines. De ses peines surtout,
car il trouve toujours, cet ami, les
paroles véritablement consolatrices, celles
qui élèvent l'âme, la forcent de regarder
en haut, là seulement où peut se trouver le
Réconfort. Et si haut dans les Sérénités
philosophiques que s'élève l'auteur de l'Ile
inconnue et d'Eve Victorieuse, sa pensée
n'est jamais inaccessible ni obscure dans
son expression. Lisez son Roman merveilleux,
il vous intéressera, vous irez d'une
haleine peut-être jusqu'au bout de ce traité
de philosophie spiritualiste, fataliste mais
résolument optimiste et, encore que vous
ne partagiez pas les idées de l'écrivain,
vous relirez son œuvre.
Chez Plon-Nourrit.
IVAN DE SCHAECK : S. A. I. le Grand
Duc Boris aux Fêtes du Siam (un vol. in-
2
4° ill. à fr. 10.) — A la suite du cousin de
Nicolas II, l'auteur a assisté aux fêtes,
d'une splendeur féerique inoubliable, du
couronnement récent du roi du Siam. Il
décrit aujourd'hui les cérémonies religieuses
et militaires, les processions solennelles, le
défilé des gondoles historiques sur le Menam,
tout ce qui se déroula pendant trois
semaines dans un décor de rêve, au milieu
d'une rare magnificence dont les frais furent
évalués à 16 millions de francs...
Au retour du Siam, M. de Schaeck nous
fait aussi visiter Java et Ceylan et ce
n'est pas, cette promenade émerveillante,
un des moindres charmes de ce beau livre
superbement illustré.
Chez Aubert.
JULES PATENOTRE : Souvenirs d'un Diplomate
(un vol. in-18 à fr. 3.50). — N'allez
pas croire, sur la foi du sous-titre : Voyages
d'autrefois que les Souvenirs dont M. Jules
Patenotre nous offre aujourd'hui le tome
second, remontent à une époque reculée.
Il n'y a pas si longtemps que l'auteur a
quitté la carrière. Les notes de voyage
publiées, dans ce volume, nous promènent,
cette fois, de Hong Kong à Pekin (1879),
puis à travers la Mongolie. De Pékin à
Paris par le Japon et les Etats-Unis. Après
un séjour à la Cour de Suède, nous retournons
en Asie, au temps des difficultés en
Indo Chine (1884), où M. Patenotre collabora
à l'œuvre de l'amiral Courbet. Le
hasard des missions diplomatiques nous conduit
encore au Maroc et enfin à Washington.
Bien que la politique ne soit pas le
principal objectif de ces Mémoires, ceuxci
présentent pourtant — et il n'en pourrait
être autrement — un intérêt historique
très sérieux.
CHRONIQUE DE L'ŒIL-DE-BŒUF : Mme de
Montespan (un vol. in-8 ill. à fr. 0.95). —
Le nom seul de l'héroïne de ce livre indique
suffisamment l'intérêt captivant qu'il
offre.
La beauté altière de la marquise de
Montespan, arrivant au milieu de la cour
brillante du grand roi ; les premiers feux
du monarque, au moment où la duchesse
de La Vallière commence à ne plus retenir
seule son amour; l'ambition de la nouvelle
favorite, son règne sur le coeur du roi
et sa domination sur les intrigues de la
cour; tout cela, l'auteur des Chroniques de