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tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

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AUGUSTE VIERSET 367<br />

d'écoulement <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s eaux que fait sur le marbre la<br />

foule aux pieds mobiles ».<br />

Et cette foule tumultueuse et bariolée, comment la décrire?<br />

La variété <strong>de</strong>s travestissements fournit à Malamani<br />

matière à tout un chapitre. On se déguise en Scapin, en<br />

Pierrot, en Turc, en Soldat, en Satyre, en Mauresque,<br />

en rempailleur <strong>de</strong> chaise, en marchand <strong>de</strong> gimblettes, en<br />

Colombine, en Zebinette. On emprunte les besicles <strong>de</strong> Tartaglia,<br />

le bonnet <strong>de</strong> Pantalon, la patte <strong>de</strong> lièvre <strong>de</strong> Brighella,<br />

la plume <strong>de</strong> coq <strong>de</strong> Scaramouche. Le comte Pepoli,<br />

sortant <strong>de</strong> la salle du Conseil, passe déjà la manche <strong>de</strong><br />

son habit d'Arlequin. Goldoni revêt la défroque du marchand<br />

<strong>de</strong> mort-aux-rats dont il contrefait mieux que personne<br />

les airs, le ton et l'emphase. Francisquine fait les<br />

cornes à Cassandre, Polichinelle s'empiffre <strong>de</strong> macaroni.<br />

On croise <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rviches, <strong>de</strong>s muphtis, <strong>de</strong>s matassins, <strong>de</strong>s<br />

femmes à moustaches, <strong>de</strong>s calabrais à bau<strong>de</strong>ts, <strong>de</strong>s ours<br />

marchant à quatre pattes, <strong>de</strong>s montreurs <strong>de</strong> marmottes,<br />

<strong>de</strong>s joueurs <strong>de</strong> cornemuse, <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins pédants, <strong>de</strong>s avocats<br />

chicaneurs.<br />

Des dialogues se nouent, <strong>de</strong>s répliques s'échangent, une<br />

comédie alerte s'improvise, égayée <strong>de</strong> quolibets, <strong>de</strong> fines<br />

saillies, <strong>de</strong> rires qui fusent, <strong>de</strong> chansons qui s'envolent<br />

dans le brouhaha discontinu. Comme en un kaléidoscope<br />

la foule fiévreuse mêle ses turbans, ses capuces, ses bonnets<br />

pointus, ses nez postiches, ses loups à <strong>de</strong>ntelles, ses manteaux<br />

et ses capes, les rayures <strong>de</strong>s souquenilles et les paillettes<br />

<strong>de</strong>s oripeaux.<br />

Comme on conçoit que le Carnaval, en ces temps-là,<br />

exerçât un pouvoir souverain !<br />

Mais pas n'est besoin <strong>de</strong> remonter si loin pour découvrir<br />

quel charme peut se dégager du pittoresque <strong>de</strong>s travestissements,<br />

<strong>de</strong> l'orgie <strong>de</strong>s lignes et <strong>de</strong>s couleurs, <strong>de</strong> la<br />

cohue <strong>de</strong>s costumes empruntés à toutes les époques, à

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