tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

ARTHUR CANTILLON 267
II
Un jour, entra dans la boutique un vieillard séché comme
un sarment et dont les regards avaient une fixité
singulière. Vêtu de l'habit coloré des levantins, il semblait
avoir vu, plus de cent fois déjà, se rouvrir les fleurs et
crever les bourgeons. Il s'exprimait avec peine, inaccoutumé
des mots français qu'il prononçait mal. On comprit
cependant qu'il était envoyé là par un fournisseur étranger
de Frauhell, dont il possédait un message.
De fait, un tisserand d'Arabie avait écrit, sur un parchemin,
que le visiteur, savant renommé de sa terre, venait
à Mons pour y trouver un physicien, Pascal Theuren,
dont suivait l'adresse, et que Frauhell l'obligerait en l'aidant
à parvenir où il se rendait.
Ce fut Simon qui se chargea de le guider.
Ensemble, à travers des rues étroites et montantes,
encombrées de marchandises étalées et remplies du va-etvient
incessant des bourgeois et des valets, ils allèrent jusqu'à
la vieille demeure de Theuren, où ils entrèrent.
Un long couloir sombre conduisait du portail en voûte
à l'escalier de bois, raide et fatigué, au haut duquel s'ouvrait
la chambre du physicien. A l'intérieur, on entendait
comme un murmure de voix graves. L'étranger bascula
le marteau. Quelqu'un vint ouvrir et, l'autre s'étant nommé,
on les introduisit dans la salle.