13.07.2013 Views

tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

PAUL HYMANS 247<br />

que et parlementaire aux autres éloquences : à l'éloquence<br />

religieuse ou <strong>de</strong> la chaire et à l'éloquence judiciaire; il<br />

faut examiner le cadre, le milieu, l'auditoire, le sujet, la<br />

matière que l'éloquence met en œuvre, où elle puise et<br />

s'alimente.<br />

Voici une église. La prédication va commencer. Les<br />

fidèles entrent silencieusement. On n'entend d'autre<br />

bruit que le glissement d'une chaise sur les dalles, une<br />

toux aussitôt comprimée, quelques chuchotements. Tout<br />

le mon<strong>de</strong> se recueille. Les cœurs sont entr'ouverts, prêts<br />

à recevoir la parole sacrée. Le prêtre monte en chaire.<br />

La robe amplifie son geste. Sa voix remplit la nef. De quoi<br />

parle-t-il? Il parle <strong>de</strong> Dieu, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>stinées et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirs<br />

<strong>de</strong> l'homme. Il est apôtre, consolateur, vengeur. Comme<br />

l'a dit, ici, une bouche éloquente, il ne parle pas pour lui,<br />

ni <strong>de</strong> lui : il est l'interprète du divin. Il n'a d'autre préoccupation,<br />

selon la magnifique expression <strong>de</strong> Lacordaire,<br />

que <strong>de</strong> faire « rendre aux âmes le son <strong>de</strong> l'éternité. » Il a<br />

fini. Une émotion. Des commentaires discrets. On se retire<br />

à pas lents. L'église se vi<strong>de</strong>. L'office oratoire est<br />

accompli.<br />

Et nous voici maintenant au palais. Dans cette salle<br />

même où je parle, dans cette salle imposante, c'est un<br />

drame judiciaire qui se joue, faisant suite à un autre<br />

drame qui s'est déroulé au <strong>de</strong>hors, un drame <strong>de</strong> sang et<br />

<strong>de</strong> mort. Il y a sur ce banc un accusé dont la vie, dont la<br />

liberté sont en jeu. L'avocat et le ministère public se<br />

les disputent. Au fond <strong>de</strong> la salle, un public haletant, frémissant<br />

d'une curiosité malsaine et cruelle. Les jurés sont<br />

pénétrés <strong>de</strong> leur rôle et <strong>de</strong> leur responsabilité. Les juges<br />

sont ensevelis dans leur immobilité professionnelle. L'avocat,<br />

lui, se donne tout entier. Il fait sonner toutes les cor<strong>de</strong>s<br />

du raisonnement, tout le clavier <strong>de</strong> la sensibilité. Il faut<br />

qu'il entre dans les consciences, qu'il y fasse pénétrer une<br />

conviction, qu'il y sème le doute ; il faut qu'il arrache <strong>de</strong>s<br />

larmes. Tout son être est en mouvement et sous pression :<br />

cerveau, cœur, muscles, poumons, toutes les forces sont

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!