tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

232 LA PROSE ET LES VERS
Le mois dernier, j'ai eu l'occasion de dire le bien que je pense
de quelques livres nouveaux, qui me paraissent intéressants. Rien
n'est plus agréable. Ce mois-ci, j'ai eu à lire bon nombre d'élucubrations
dont il ne vaut guère la peine de dire du mal. Ce ne serait
pas même amusant. — Je ne m'attarde donc pas autrement à La
Source et l'Infini, poèmes de Paul Neuhuys.
Au surplus, ce serait dommage. Certes, ce perdre son temps »
n'est pas aussi néfaste que d'aucuns le prétendent : La plupart
des plus charmantes choses, c'est quand nous avons « quelques instants
à perdre », c'est alors seulement que nous les faisons... Mais
perdre son temps à la façon de M. Neuhuys quand il écrit des
vers, ou à la mienne quand je les lis, cela me fait de la peine,
malgré tout...
Et pourtant, M. Neuhuys est poète, puisque :
Tous les saules sont des bouleaux
Comme des filles sur des cristaux,
Car en hiver il n'y a plus d'eau,
FA les larmes sont des tombeaux.
Un volume de cent pages, orné de quelques dessins.
*
* *
Et voilà justement ce qui fait que les Poèmes d'ici et de là-bas,
de J.-M. Jadot, font plaisir. Ils sont honnêtes, sans malice ni pose.
Ils n'offrent nulle vision d'une originalité extraordinaire, et il
n'y a guère à se plaindre de cela. Certains critiques semblent
atteints d'une manie : De tout poète qui leur tombe sous la main,
ils exigent une personnalité qui recrée le monde à son image »...
Hélas ! pauvre monde.
Les Poèmes d'ici et de là-bas, dont plusieurs furent composés
au Congo Belge, sont l'oeuvre d'un amateur doué de talent véritable.
C'est un de ces livres qui honorent une famille et qui font plaisir
aux amis, à moins que ces derniers ne ressentent quelque dépit de
n'en pouvoir écrire autant.
R.-E. MÉLOT.