tome 34 (n°115-119) - de l'Université libre de Bruxelles

14 GIAMBATISTA BODONI
d'un libraire imprimeur et qui valut à Bodoni des lettres
enthousiastes de Benjamin Franklin.
Puis, c'est l'Aminta du Tasse de 1789, l re édition in-4°
que Renouard considère comme un bijou typographique.
A cette même époque appartient aussi le cours d'étude
du Prince de Parme par Bonnot de Condillac, treize volumes
in-8° 1782. L'érudit pédagogue était élève de Locke
et partageait les idées de Diderot, il n'en fallut pas davantage
pour que la cour de Madrid s'opposa à la circulation
du livre. Ce n'est que sept ans plus tard que Bodoni
put écouler son édition en y intercalant des cartons aux
endroits condamnés par la censure espagnole. Les ouvrages
en cet état sont recherchés par les bibliophiles.
La seconde période de 1791 à 1813, comprend plus de
400 publications dont beaucoup sont rarissimes et introuvables.
Citons les in-folio. Les latins Virgile, Horace, Catulle
et Properce, Tacite, les grecs Homère, Callimaque Théophraste,
les italiens Dante, le Tasse , Pétrarque, Guarini,
enfin les français dédiés au Prince Murab, Fénelon, la
Fontaine, Boileau, Racine.
Bodoni n'a publié que quatre livres d'un belge : Corneille
François de Nélis, évêque d'Anvers, qui à l'approche
des armées de Dumouriez s'était enfui, et après
diverses pérégrinations s'était retiré à Bologne. Il mourut
au couvent des camaldules près de Florence en 1798.
L'un de ces livres est un in-8° en latin, relatif à des commentaires
sur l'histoire de Belgique, un autre in-8° « l'aveugle
de la Montagne » contient des entretiens philosophiques
; les deux autres in-4°, renferment des prières
et des oraisons en vers et en prose. Ils furent publiés
en 1795.
N'oublions pas de mentionner un livre qui est un vrai
tour de force pour l'époque, l'oraison dominicale en 155
langues différentes et 155 alphabets différemment gravés
par Bodoni. C'était l'œuvre qui enorgueillissait le plus